Pendant longtemps, je ne me suis jamais posé de questions. Pour moi, c’est simple: soit je suis attirée ou non par quelqu’un et ça ne va jamais vraiment plus loin. J’ai des préférences, comme tout le monde, mais elles ne sont pas vraiment marquées. Tout ce que je sais, c’est que le genre ou les normes de beauté ne semblent pas m’affecter particulièrement dans mon attirance pour une personne.
Je me suis définie comme pansexuelle d’après mes expériences, mais honnêtement, je me sentais plus ou moins à l’aise de l’affirmer. J’ai commencé à le faire en partie à cause de certaines discussions que j’ai eues et dans lesquelles je me suis vue attribuer des étiquettes par défaut, comme si j’étais (encore une fois) hors-norme et qu’il fallait à tout prix le souligner. Ça devenait fatigant. Si je devais avoir une étiquette, je préférais qu’elle me corresponde au moins un peu.
Attribuer un nom à mon orientation et à mes préférences m’a fait faire des recherches intéressantes. Il y a une abondance de termes et de définitions possibles et en fin de compte, je ne pouvais résumer ma manière d’être en un seul mot.
En revanche, même en disant que j’étais pansexuelle , il m’arrivait de faire face à des préjugés. On me dit parfois que je ne dois pas être bien difficile puisque je peux être attirée par n’importe qui ou n’importe quoi (!!??) , ou alors que je dois avoir beaucoup d’expérience sur le plan sexuel.
Souvent, je n’ai tout simplement pas envie de partir des débats sans issue sur le sujet. Je préfère en parler à des personnes qui connaissent bien le terme ou à qui je peux faire confiance.
En discutant avec des personnes de la communauté LGBTQ+, j’ai constaté que plusieurs d’entre elles critiquent la tendance à évaluer les personnes selon des catégories d’orientation sexuelle, car la sexualité en tant que telle est un concept qui regroupe des notions très abstraites. De plus, elle peut changer dans le temps selon l‘expérience de vie et les préférences. En revanche, d’autres voient une grande nécessité de conserver la présence de ces catégories, principalement pour préserver leur visibilité.
Pour l’illustrer, j’ai récemment eu une conversation sur le sujet de la demi-sexualité dans un groupe Facebook. D’après les définitions que j’ai lues, être demi.e-sexuel.le, c’est de ne ressentir de l’attirance sexuelle qu’en de rares circonstances, plus spécifiquement à la suite d’un attachement émotionnel très fort avec une personne. Certaines personnes du groupe ont critiqué le terme, car ce dernier semble renvoyer à une sexualité trop incomplète pour dire qu’il s’agit de sexualité « véritable ». En revanche, d’autres se sont pleinement reconnu.e.s dans la définition et ont choisi de mettre ce mot sur leur identité sexuelle dans l’objectif de rencontrer d’autres personnes qui s’y identifient.
Pour moi, les deux opinions sont valides, car au final, le choix de s’identifier ou non à une catégorie en particulier ou d’adhérer à une communauté appartient entièrement à la personne. Sa perception des choses peut changer dans le temps pis c’est ben correct. Les raisons pour lesquelles elle adhère ou non à des termes sont multiples et doivent être respectées. Il ne s’agit pas d’obligations et encore moins de modes à suivre uniquement pour se mettre en valeur aux yeux des autres.