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Ma mère m’a toujours dit…
Crédit: Daniel Jedzura/Shutterstock
Pour ma première collaboration avec TPL, je dois dire que je n’aborde pas le plus joyeux des sujets… mais bon, ma mère m’a toujours dit quand j’étais petit : « La meilleure façon de régler un problème, c’est d’en parler. » Ça tombe bien parce que, justement, un problème, il y en a un de taille, donc nous allons en parler.

Il n’y a pas tellement longtemps, une personne proche de moi a vécu l’impensable : elle a été violée par quelqu’un qu’elle connaissait. Le meilleur ami d’une très bonne amie, quelqu’un en qui on devrait normalement pouvoir avoir confiance. Après tout, comme le dit le dicton : « Les amis de mes amis sont mes amis », non?

Cette histoire sordide m’a énormément bouleversé. J’en ai pleuré de rage et d’impuissance. Mais quel genre de malade peut faire ça?! Puis, j’en suis venu à me rappeler toutes les fois où j’ai eu droit à des témoignages et des confessions d’amies qui avaient été agressées à différents degrés, allant des mains baladeuses d’un mononc' incestueux aux avances trop insistantes et agressives d’un patron ou collègue de travail, en passant par le harcèlement de rue et le viol, la forme d’agression la plus violente. Parce que oui, je connais malheureusement plus d’une femme qui a été violée. Je me suis alors demandé : est-ce seulement moi qui ai un cercle social féminin aussi malchanceux? Ça n’a pas de maudit bon sens après tout! Finalement, j’ai décidé de creuser davantage le sujet…

Une femme sur trois a été victime d’au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 16 ans. La majorité des victimes connaissaient l’auteur présumé, soit 85,6 % des victimes mineures et 68,3 % des victimes adultes. 96,8 % des agresseurs sont des hommes et 78,1 % des victimes sont des femmes.

Malgré ce que l'on pourrait croire, ce sont les statistiques pour le Québec, données par la sécurité publique pour l’année 2013, et facilement accessibles sur le site du R.Q.C.A.L.A.C.S (Regroupements québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel). On pense que l’égalité homme-femme est atteinte au Québec. On n’a pas besoin de parler de ça, nous-autres. La violence faite aux femmes et les agressions sexuelles, c’est tellement marginal de toute façon…

Marginal? Certainement pas! Analysons un peu ces statistiques… Vous rendez-vous compte, messieurs? Disons que vous êtes assis à la table pour un souper de famille. Il y a vous, votre blonde, votre mère et votre tante… Selon les statistiques, il est fort probable qu’une de ces trois personnes qui vous sont chères ait été agressée sexuellement (au moins une fois) depuis l’âge de 16 ans. Si on invite, en plus, la grand-mère et les cousines au souper, ben là, fort possiblement que plus d’une ait déjà été agressée autour de la table. Est-ce normal? Veut-on vraiment vivre dans ce genre de société?

Comme 96,8 % des agressions sexuelles sont commises par la gent masculine et qu’une partie de nos semblables remettent en question la parole des victimes qui ont le courage de briser le silence et les blâme, en tant qu’hommes, il est temps que l’on se sorte la tête du sable, et qu’on tente de trouver des explications et des solutions.

Ma mère m’a toujours dit, quand j’étais petit, que la meilleure façon de régler un problème, c’était d’en parler. Parler pour dénoncer les abus faits envers les femmes, ce n'est que la première étape à franchir pour le régler.

 

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