Aller au contenu
Tannée d’avoir peur parce que je suis une fille!
Crédit: Unsplash/Pixabay

Je viens de la banlieue. Assez jeune, j’étais curieuse de partir à la découverte de la grande ville (en l’occurrence Montréal) et de ses aventures pleines de rebondissements. Je voulais explorer la ville, les musées, aller dans les concerts et voir des nouveaux horizons. Mes parents, un peu effrayés devant les rêves de grandeur (lol) de leur petite fille, me répétaient sans cesse que tout était dangereux pour moi. Les rues étaient dangereuses, les inconnus étaient dangereux, le métro était dangereux parce que… j’étais une fille. Et être une fille, ce n’est pas pareil.

Même si, plus jeune, je les défiais en leur disant qu’ils s’inquiétaient pour rien et que ce qu’on voyait au téléjournal ne me faisait pas peur, en réalité, j’avais une petite crainte au fond de moi. À force de me faire répéter partout et tout le temps que je devais faire plus attention parce que j’étais une fille, j’ai développé une profonde peur du danger et des hommes.

Oui, j’ai vécu des expériences déplaisantes et effrayantes, que ce soit dans ma banlieue ou à Montréal. Ces idées de danger ne sont pas bâties sur du vent. Elles sont bien réelles. Lorsque je l’ai réalisé, j’étais fâchée et découragée. Encore aujourd’hui, je ne me sens pas bien lorsque je marche seule dans la rue et qu’il fait noir. C’est un constat extrêmement fâchant parce que je ne peux rien faire. Je suis impuissante. 

J’ai bientôt 23 ans et j’ai tout aussi peur que lorsque j’en avais 15. Quand je rentre tard le soir, j’analyse les personnes qui me suivent. Je choisis mes wagons de métro en fonction des gens qui attendent. Je vois le mal partout. Je soupçonne tout le monde. J’élabore des plans de secours dans ma tête, j’angoisse et j’ai chaud. Je ne me sens pas en sécurité. Je ne me sens pas en sécurité parce que je suis une fille seule et c’est dégueulasse.

Cette peur, je ne suis pas la seule à la ressentir. C’est la réalité de bien d’autres filles et femmes. J’aimerais vraiment faire fi de cette réalité. Je voudrais être au-dessus. Je voudrais ne pas me priver parce que j’ai peur qu’il m’arrive quelque chose, mais la vérité est toute autre. Je planifie mes déplacements en fonction de ma crainte, je change mes plans et je me prive de soirées entre amis tardives. Je choisis mon linge en fonction d’elle et de mon heure de sortie.

J’aimerais vraiment, un jour, me sentir bien dans ma ville et dans mes rues, même le soir et même seule. J’aimerais  être comme mon frère, comme mes amis ou comme mon amoureux qui ne se posent pas autant de questions lorsque vient le temps de sortir. Je voudrais laisser aller un peu de méfiance. Je voudrais m’habiller comme je le veux. Je voudrais vivre sans cette angoisse. J’espère un jour y parvenir, mais ce n’est pas gagné.

Vivez-vous cette même peur?  
 
 

Plus de contenu