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Juste un rappel: les personnes neurodivergentes ont le droit d’exister. Merci!
Crédit: Photo by Tú on Unsplash
Je suis neurodivergente.

Ce qui veut dire que mon cerveau est configuré d'une manière différente de la majorité de la population. Dit de même, ça sonne un peu vraiment beaucoup abstrait. À la base, ne sommes-nous pas tous différent.e.s, avec nos propres qualités et nos difficultés? 

Bien sûr. Tout en vivant dans une société où nous sommes sans cesse évalués pour nos capacités dès l'enfance. Si l'on ne correspond pas à une exigence particulière, nous pouvons être rapidement catégorisés en fonction de nos lacunes. Lacunes qu'il faut impérativement améliorer. 

Le concept de neurodiversité m'intéresse depuis déjà un moment. Il s'agit d'un mouvement militant qui reconnaît la grande variété des fonctionnements cognitifs de l'humanité. Mon propre diagnostic y est pour beaucoup, mais c'est quand j'ai réalisé que plusieurs personnes de mon entourage étaient neurodivergentes que je me suis rendu compte de la nécessité d'en informer la population et d'ouvrir une discussion.

En gros, une personne est dite neurodivergente si elle possède une condition particulière qui la démarque de ce qui est considéré comme la « norme » au niveau cognitif. On parle notamment des déficits d'attention, des troubles dys, du spectre autistique, ou encore de la trisomie, entre autres. Une personne peut avoir une ou plusieurs de ces conditions, mais l'objectif de la neurodiversité est de les « démédicaliser ». Autrement dit, de cesser d'en faire de simples cas cliniques ou de les invisibiliser au profit d'un modèle cognitif « normal ».

J'ai déjà rencontré une jeune fille qui possédait un grand talent en mathématiques, mais qui avait plusieurs diagnostics, dont la dysgraphie (un ensemble de difficultés reliées à l'écriture). Elle me disait que durant sa scolarité, ses talents avaient été très peu remarqués comparativement à ses difficultés, ce qui a nui à son estime personnelle: elle se sentait réduite à ses diagnostics malgré ses réussites. J'ai été très touchée par son discours, car il est vrai qu'un diagnostic peut être stigmatisant lorsqu'il est mal interprété. Une personne avec un diagnostic reste une personne à part entière. 

Cela ne veut pas dire que les personnes dites neurotypiques vivent leur vie sans difficulté. D'ailleurs, le concept même de « norme cognitive » pose problème, car les gens ne s'entendent pas tous sur ce qui devrait être considéré comme étant dans la normalité et ce qui s'en distingue. 

Certains disent par exemple que les maladies mentales devraient être incluses dans la neurodivergence alors que d'autres sont en désaccord puisqu'il ne s'agit pas de conditions présentes dès la naissance. Mais voilà, l'un n'empêche pas l'autre: une personne neurotypique tout comme une personne neurodivergente peut avoir une maladie mentale! Dans les deux cas, on observe une forte stigmatisation envers les personnes qui reçoivent un diagnostic. 

La neurodiversité pose donc la question suivante: est-ce que ce sont les personnes qui doivent « s'améliorer » ou les systèmes sociaux qui doivent être plus inclusifs pour prendre en compte la diversité de la population? 

À chaque avril se tient le Salon de la neurodiversité, un événement rassemblant des exposants et des conférenciers, dont l'objectif est de déconstruire les idées reçues sur la neurodivergence (et la normalité). 

J'adorerais vraiment voir éclore plus d'initiatives du genre pour en finir avec le capacitisme à tous les niveaux et ouvrir de belles discussions. Parce que les personnes neurodivergentes ont le droit d'exister, merci, bonsoir!

 

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