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Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent : un hommage à la beauté de la langue française
Crédit: Yves Renaud

C’est la dixième année consécutive que le public montréalais peut vivre Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, orchestré par Loui Mauffette. J’emploie ici le verbe « vivre » plutôt que « voir », car il s’agit davantage d’une expérience que d’un simple spectacle.
 
Une scène pratiquement vide. Une grande table de bois prête à accueillir une trentaine de convives. Des enfants qui courent dans les gradins. Voilà ce qui attend le spectateur lorsqu’il entre dans la Cinquième Salle de la Place des Arts. Il ne faudra que quelques minutes pour que l’espace soit pris d’assaut par l’imposante distribution. Elle se compose de comédiens chevronnés comme Anne-Marie Cadieux, Pascale Montpetit, Maxim Gaudette et Sylvie Drapeau, et autres acteurs plus jeunes comme Simon Lacroix, Catherine Paquin-Béchard et Mylène Mackay. Des invités spéciaux, en alternance, se mêlent au groupe : Bernard Adamus, Philippe Brach, Ariane Moffat, notamment.
 
Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent est un banquet de mots, une orgie de textes et de musique live, un grand bal en hommage à la beauté de la langue française. Pendant trois heures, les artistes, tous plus talentueux et polyvalents les uns que les autres, portent des paroles issues de plumes et d’époques variées: de Geneviève Desrosiers à Jim Morisson, de Rimbaud à Patrice Desbiens, de Musset à Daphné B. en passant par Evelyne de la Chenelière et Léo Ferré.
 
Ce qui est frappant dans le spectacle, c’est la manière dont les artistes donnent vie à ces paroles poétiques fortes d’hier et d’aujourd’hui. Beaucoup de gens perçoivent la poésie comme quelque chose de rebutant, de passé de mode. Ce que j’ai vu lundi soir à la Cinquième Salle en compagnie de Victoria ferait mentir les plus réfractaires d’entre nous.

Crédit: Yves Renaud

Les interprètes, en faisant littéralement voler des centaines de feuilles au-dessus de leur tête, semblent faire un pied de nez au formel et au convenu, pour mieux célébrer les mots qui feront vibrer la salle tout au long de la représentation. Tour à tour ou en chœur, la trentaine d’artistes lieront, clameront, chanteront une cinquantaine d’œuvres marquantes. On pleure en écoutant « Le répondeur » de Dédé Fortin entonné sobrement par Sébastien Ricard. On rêvasse au son du « Bateau ivre » de Rimbaud récité par Francis Ducharme. On se laisse volontiers transporter par l'intensité d’une pièce chorégraphiée, extraite de « La pornographie des âmes » de Dave St-Pierre et interprétée par Esther Gaudette et Eric Robidoux.
Les mots qui s’envolent jusqu’à nos oreilles sont revendicateurs, sensuels, féministes, amusants, déchirants, toujours justes et frappants.
À la fin de la représentation, le public est invité à se joindre aux interprètes, pour partager un punch à la vodka et des « sandwichs pas d'croutes »!
 
Loui Mauffette et ses acolytes, en créant un objet vivant, lumineux et festif, parviennent réellement à décloisonner l’art poétique. Je me dis que si tous les étudiants du secondaire voyaient une œuvre comme celle-là, on entendrait peut-être moins souvent que « La poésie, c’est plate! ».
 
Sur ce, je cours à la bibliothèque emprunter une bonne centaine de recueils de poésie afin de (re) découvrir ces paroles inspirantes!

Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent 
À la Cinquième Salle de la Place des Arts
Jusqu'au 15 mai 2017
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