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À vomir de banalité

Tiens tiens. Fixer cet interface WordPress à nouveau me donne l’impression d’enfiler de bonnes vieilles pantoufles.

Ça fait quelques mois que je joue à la collabo fantôme. C’est que les choses s’accumulent, la vie, les soucis, tout. Et du coup, on en oublie de jouer les trouble-fêtes de temps en temps via une tribune dans laquelle on détonne.

Ça me plait, pourtant. C’est con la vie des fois, avec ses empêchements. Mais enfin. Il faut bien recommencer à faire des choses, lorsque d’autres cessent.

J’ai réalisé quelque chose récemment.

J’ai une sainte horreur de la banalité. Vous savez, ces gens que vous rencontrez dans une soirée mi intéressante et avec qui vous échangez quelques mots avant de réaliser qu’ils sont exactement le tissu de lieux communs qu’ils ont l’air d’être?

D’abord – soyons honnêtes – les gens finissent toujours par être un peu (minimisons pour être polie…) ce qu’ils ont l’air d’être. Pensez-y, un instant. La première impression qu’on dégage n’est au fond que le produit direct des traits qui nous
caractérisent. C’est normal.

J’analyse maladivement les gens que je rencontre et j’en suis venue à cette conclusion-là. Mais j’suis pas méchante tsé…

Bref. J’ai une sainte horreur de la banalité.

C’est probablement la source de mon problème avec la mode, d’ailleurs. Dès que j’arrive à cerner une tendance en constatant qu’elle est répandue ici, ici, ici et là; j’en suis presqu’immédiatement dégoûtée. C’est pas des blagues. Je deviens littéralement mal à l’aise devant les idées reçues. Ça me fait grincer des dents.

C’est tellement facile, on dirait, de se construire une image en appliquant religieusement certains procédés plus ou moins mainstream que c’en devient gênant. Ça, c’est la faute à l’Internet encore. Ben oui. Vous n’avez qu’à éplucher les profils de vos connaissances pour cibler les clichés énormes qui structurent l’image qu’on voudrait bien projeter.

Le problème, c’est que le moule est évident comme un éléphant dans la pièce.

Et pour être franche, j’ai tendance à porter des petits jugements sur ces excès de mièvrerie ordinaire. J’veux dire… Si tu peux pas think outside of the box, ça me renseigne un peu sur ta capacité de réflexion, dans la vie en général.

Si niveau 1 tu prônes et dégages, c’est que niveau 1 tu es. Ben sorry.

Pour la plupart des identités pré mâchées, le mode d’emploi pourrait tenir sur une demie feuille 8,5 x 11, en bullet points expéditifs. Meilleure manière d’en faire le bilan : quick look sur les réseaux sociaux. Je vous jure.

C’est valable pour la vie en général; côté apparats et manies langagières/gestuelles, mais Facebook s’en fait un miroir on ne se peut plus probant. Quel formidable laboratoire d’analyse que Facebook, finalement.

Pour être une cuty-cool girl bien ordonnée, disons, ça pourrait se résumer à quelque chose comme une bannière plus ou moins abstraite/off focus aux couleurs de crépuscule urbain, ou un écriteau géant sur fond pastel.

Puis, une sélection scrupuleusement établie de photo de profil alternant a) Une photo festive un peu rigolote (cute face pré-requis, pas de total lol, quand même!) b) Une photo vintage d’un personnage quelconque assez facile pour être
reconnaissable et susciter des « aw tellement! » à profusion c) Un portrait franc et touchant pour accumuler les « likes » de fans éphémères émus d’un franc sourire ou d’un regard perçant. d) Quelques démonstrations de look bien réussis subtilement insérés dans une photo d’ambiance e) Un album old school, de voyage, ou de photos d’appareil jetable. F) Un élément surprenant pas trop cernable (référence à un auteur ou un artiste obscure. Mais juste une.)

Et on déroule en alternance. Ça prend aussi quelques instagram et des statuts randoms pour feindre ne pas se prendre trop au sérieux (Internet c’est juste du LOL, voyons donc! Full pas grave de quoi j’ai l’air dahhhh! Trop pas self conscious!) Parce que oui : la désinvolture, même simulée, c’est important!

Et voilà un bon exemple de lieu commun 2.0. Et bien sûr, plusieurs autres pourraient être déclinés de la sorte.

Et ça fait qu’il est peut-être là, mon problème avec la mode. Les modes en général. Dès que j’arrive à cerner un fil conducteur trop évident dans une série de goûts, de hypes ou d’objets culturels, j’ai juste envie de toute crisser au bout de mes bras et de redoubler d’ardeur monochromatique dans mon habillement.

D’ailleurs, l’influence des tendances sociales est décuplée par Internet à un point tel que les gens croient se bâtir une identité alors qu’ils ne font qu’intégrer ce que l’ère du temps leur suggère pour ne pas être complètement off. Et je ne dis pas que j’y échappe.

Nous sommes tous soumis à des instances insidieuses qui nous font croire qu’on est underground et raffiné (parce que c’est cool de l’être) et nous n’y voyons que du feu.

Come on. Même l’indie a tellement la cote qu’il s’est auto anéanti au rythme des 19308129308 Tumblr minimalistes créés chaque jour pour ressasser un langage visuel, artistique ou même philosophique à vomir de convenance.

On se retrouve donc avec une épidémie de banalité effarante. Ça doit être en partie pour ça que je suis blasée. Snob et blasée, tiens.

J’ai plus envie d’en parler.

À bientôt.

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