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10 oeuvres d’autrices québécoises à découvrir
Crédit: Mémoire d'encrier / Leméac éditeur

J’aime beaucoup profiter de la période des fêtes pour lire le plus possible. Pendant mes sessions d’université, j’ai tellement de lectures à faire en lien avec mes cours, ou pour avancer mes connaissances, que ça m’enlève le goût de lire pendant mes temps libres. C’est pour ça que j’aime profiter de la période de vacances entre les sessions pour faire des lectures personnelles! J’ai toujours été un vrai rat de bibliothèque, alors c’est définitivement quelque chose qui me manque le reste de l’année.

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Je vous suggère ici dix romans ou bandes dessinées d’autrices québécoises, si vous souhaitez occuper vos vacances avec un peu de lecture!

1- Kuessipan de Naomi Fontaine

Mémoire d’encrier

Naomi Fontaine est une enseignante de français. Elle est née dans une communauté innue près de Sept-Îles, la communauté de Uashat. Kuessipan est son premier roman, publié en 2011, alors qu’elle n’avait que 23 ans. Naomi Fontaine a été finaliste au Prix des 5 continents en 2012, et elle a été nommée comme l’une des « femmes de l’année » par le magazine Elle Québec en 2011! Kuessipan (à toi, ou à ton tour), c’est un livre qui vous fait découvrir le quotidien sur une réserve innue. C’est un livre magnifique et bouleversant.

« J’aimerais que vous la connaissiez, la fille au ventre rond. Celle qui élèvera seule ses enfants. Qui criera après son copain qui l’aura trompée. Qui pleurera seule dans son salon, qui changera des couches toute sa vie. Qui cherchera à travailler à l’âge de trente ans, qui finira son secondaire à trente-cinq, qui commencera à vivre trop tard, qui mourra trop tôt, complètement épuisée et insatisfaite. Bien sûr que j’ai menti, que j’ai mis un voile blanc sur ce qui est sale. »

2- La grosse laide de Marie-Noëlle Hébert

Éditions XYZ

La grosse laide, c’est la première bande dessinée de Marie-Noëlle Hébert. C’est aussi un qualificatif qu’elle a longtemps utilisé pour se décrire. En plus d’être le titre du livre, elle confie que c’est un titre qu’elle s’est attribué à elle-même toute jeune, et qui l’a suivi jusqu’à l’âge adulte. C’est aussi une insulte qu’on entend fréquemment, dans les cours d’écoles, sur les médias sociaux, etc. Dans sa BD, Marie-Noëlle Hébert donne une voix à cette personne qui se sent en marge, qui souffre de ces insultes et de ne pas avoir de modèle auquel s’identifier.

« La grosse laide est ma première œuvre, c’est une autobiographie sur le poids et l’estime de soi, dans laquelle j’ai mis en scène ma souffrance par rapport à mon corps. » (La bible urbaine)

« J’pense que t’as assez mangé, Marie-Noëlle. »

3- Le tendon et l’os d’Anne-Marie Desmeules

Éditions l’Hexagone

Le tendon et l’os, c’est un recueil de poésie. Le deuxième d’Anne-Marie Desmeules, titulaire d’une maîtrise en études littéraires. Il présente une réalité difficile de la parentalité. C’est un livre difficile, violent et dérangeant parfois. Il parle des sentiments contradictoires d’une mère pour son enfant avec sensibilité et honnêteté.

« Depuis l’attribution
mon enfant n’a ni grandi ni changé

il reste cette petite chose
encombrante et bruyante

j’essaie de lui couper les cheveux
ils repoussent toujours pareils

il doit être lavé et nourri
sinon son état se détériore

je l’ai remarqué à quelques reprises

Entre la dépendance et le ravissement, entre l’amour fusionnel et le parasitisme, la poète montre la noirceur qui s’infiltre dans la maternité. »

 

4- Blanc résine d’Audrée Wilhelmy

Leméac Éditeur

Blanc Résine est le quatrième roman d’Audrée Wilhelmy. Ses premiers romans ont été nommés pour de prestigieux pris tels que le Prix des libraires du Québec et le Prix littéraire du Gouverneur général du Canada. Dans son quatrième roman, elle revient sur les origines de Daã, la mère du protagoniste de ses romans Oss et Le corps des bêtes.

« Dans un couvent construit de mains de femmes aux confins de la forêt boréale, vingt-quatre sœurs donnent naissance à une fillette qui grandira en apprenant la langue et les lois d’Ina Maka, la Terre-Mère. À quelque distance de ce couvent, une ouvrière de la mine Kohle Co. meurt en couches, laissant un poupon albinos à son père qui, à se tuer au travail, le fera médecin.

Le roman retrace la rencontre, l’accouplement et le destin de ces deux êtres dissemblables, Daã et Laure, et celui de leur progéniture. Il transporte les odeurs de la taïga et les bruits de la ville ; des histoires de femmes en fuite, de débâcle et d’enfants écartés. Il remonte aux origines d’une lignée dont sortira la Noé d’Oss et du Corps des bêtes. »

 

5- Ne sommes-nous pas Québécoises? De Rosa Pires

Les éditions du remue-ménage

Il y a presque 20 ans que Rosa Pires travaille sur les enjeux d’égalité homme-femme, et sur l’inclusion de personnes issues de l’immigration, soit au sein de la politique québécoise, du mouvement communautaire, ou en coopération internationale. Elle a été attachée politique de deux ministres du gouvernement péquiste entre 1994 et 1997.

« En écho à Ne suis-je pas une femme?, célèbre discours de la militante abolitionniste afro-américaine Sojourner Truth en 1851, Rosa Pires signe un premier essai personnel et original sur une thématique brûlante d’actualité. Née au Québec d’immigrants portugais, souverainiste de longue date, quelque chose en elle se brise au moment de la Charte des valeurs; elle commence à se sentir étrangère en son propre pays. Entre les femmes issues des minorités et le projet d’indépendance de la nation québécoise, un pont déjà chancelant s’est rompu.

La politologue décide alors de mener une enquête auprès de 10 femmes de la deuxième génération issue de l’immigration afin de sonder leur point de vue sur les inégalités, l’appartenance et la question nationale. Femmes de conviction au parcours peu banal, toutes rêvent du moment où leur corps, leurs vêtements ou leur nom cesseront d’être un marqueur de différence ou d’invisibilité. Elles revendiquent leur place comme citoyennes québécoises engagées. À part entière. »

 

6- Les brutes et la punaise : Les radios-poubelles, la liberté d’expression et le commerce des injures de Dominique Payette

Lux éditeur

« Dominique Payette a été journaliste à la radio et à la télévision de Radio-Canada ainsi qu’à Télé-Québec. Elle a dirigé en 2010 le Groupe de travail sur le journalisme et l’avenir de l’information au Québec. Elle détient un doctorat en sociologie et est professeure au Département d’information et de communication de l’Université Laval depuis 2006. » (Lux éditeur)

« Les brutes et la punaise dissèque le phénomène des radios de confrontation, connues sous le quolibet de « radios-poubelles », et dont la plupart se trouvent à Québec. Dominique Payette y analyse la frontière ténue qui sépare journalisme d’opinion et manipulation politique, et livre ce salutaire rappel : si les médias ont le droit de prendre position, voire de soutenir des idées politiques, il est de leur devoir de le faire dans le respect des faits et, surtout, en laissant à leur public la liberté de ne pas être d’accord avec eux. Il faut lire ce texte comme une réflexion inquiète sur la disparition des conditions nécessaires à un débat civilisé et rigoureux dans notre société. Comment invoquer la liberté d’expression pour justifier la prolifération de propos qui, de l’avis de plusieurs, empoisonnent l’atmosphère de la Cité ? Peut-être le temps est-il venu d’affronter les effets délétères du commerce des injures et de la haine. » (Lux éditeur)

 

7- Pas même le bruit d’un fleuve d’Hélène Dorion

Éditions Alto

Hélène Dorion est l’autrice de plus de 30 romans, récits, essais et albums jeunesse, et a remporté de nombreux prix. Pierre Nepveu a dit de l’œuvre de Hélène Dorion : « nous avons besoin de sa quête intérieure, de cette immensité du dedans, de ce vent de l’âme que sa poésie ne cesse de faire souffler et de faire entendre, comme pour laver notre monde de ses scories, de ses bruits inutiles, de ses enjeux mesquins, afin d’y dégager un espace pur et un temps de vivre ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, a dit de Pas même le bruit d’un fleuve, qu’il « parvient à relier la grande et la petite histoire avec une noble révérence pour tout ce qui, entre deux êtres, aura longtemps appartenu au silence. »

« Quand Hanna découvre, parmi les effets de sa mère récemment décédée, des carnets, photographies et coupures de journaux, elle décide de descendre le cours du fleuve jusqu’à Kamouraska pour tenter de trouver le fil qui rattachera son histoire à celle de Simone, cette femme silencieuse, absente de sa propre vie.

Remontant le siècle, le long du Saint-Laurent, de Montréal à Pointe-au-Père, suivant des marées parfois cruelles, Hanna retrouvera la trace du premier amour de sa mère et retournera jusqu’en 1914, au moment du naufrage de l’Empress of Ireland. Elle apprendra qu’une catastrophe forme le tronc de tragédies intimes qui traversent les générations et que les survivants sont parfois les vrais naufragés. Sur cette route qui la conduit vers elle-même, elle pourra compter sur la force de l’art et de l’amitié pour éclairer sa quête. La poésie gonflant ses voiles, Pas même le bruit d’un fleuve emporte dans son sillage son lot de révélations, de miracles et de mystères. »

 

8- Il préférait les brûler de Rose-Aimée Automne T. Morin

Éditions Stanke

Rose-Aimée Automne T. Morin a été rédactrice en chef chez Urbania entre 2015 et 2018. Elle collabore aussi sur divers projets télévisuels et radiophoniques. Elle est aussi l’autrice de Ton absence m’appartient, paru en 2019.

« Mon père, il est bon pour rentrer des affaires dans des têtes. Je me demande pourquoi c’est de l’amour qu’il a décidé d’enfoncer dans la mienne. Je me demande, surtout, s’il aurait fait le même choix si on n’avait pas passé notre vie à mourir. »

« Le père de Fauve se révèle là où le magnétisme rencontre la dureté. Il attire pour mieux anéantir, fait des enfants pour les abandonner, n’avance que pour jouir. Jusqu’à ce que la maladie frappe. Se sachant condamné, il retourne vers son unique fille pour en faire sa dernière femme, son plus important projet. Fauve devra grandir avec l’angoisse du deuil, les fins du monde qui s’enchaînent et l’ambiguïté d’un amour aussi vaste que corrompu. » (Éditions Stanke)

 

9- Ciguë d’Annie Lafleur

Le Quartanier

La poète signe ici un livre parfois dur, qui présente la violence de l’existence. L’autrice dit qu’il s’agit d’« un manuel de survie à l’autodestruction, c’est une recherche d’air et de souffle ». Il s’agit du cinquième livre de poèmes d’Annie Lafleur. Ce livre est finaliste au Prix des libraires 2020.

« Avaleuse d’eau mortelle, aux abois, tombée de la branche, elle cuve au vent son poison, son philtre, sa drogue, son remède, et retrouve au sol son frère guéri par la foudre. Le pacte est scellé et l’odyssée commence, contre la mort toute-puissante criée à l’oreille. Corps lancés, gueule ouverte, dans les forêts, les coulées, les ravins, franchissant les barrages la tête au ciel. Corps excités par une langue addictive et haletante, par une langue qui donne à la vie une soif égale à la sienne. Qui boira la ciguë, qui mourra de la soif, qui vivra verra. »

 

10- Contacts de Mélanie Leclerc

Éditions Mécanique Générale

Cette bande dessinée de Mélanie Leclerc est un hommage à son père, Martin Leclerc, fils de Félix Leclerc. Ses dessins sont magnifiques et remplis de tendresse. Son livre nous présente avec beaucoup de délicatesse et de beauté leur relation père-fille. Son livre est en lice pour le Prix du Gouverneur général.

« Contacts, c’est le portrait sans fard que l’autrice trace de son père, Martin Leclerc, un caméraman passionné de photographie argentique. Compagnon de route de Pierre Perrault à la grande époque de l’Office National du Film – et premier fils de Félix Leclerc –, cet homme de peu de mots, au caractère parfois rugueux, a pu grâce à son travail artistique s’ouvrir au monde et exposer sa sensibilité.

Mais c’est aussi le récit humble de la transmission d’une passion, d’une manière de poser le regard, d’une réflexion sur l’image, où l’autrice reconnaît chez ce père un modèle qui l’a guidée dans son propre parcours.

Pour son premier album de bande dessinée, Mélanie Leclerc assure son dessin encore fragile de sa culture photographique, qu’on ressent à travers l’éventail des teintes de son lavis, son sens du cadrage et son acuité pour la mise en page, qui nous offre quelques audacieuses compositions. »

En espérant vous avoir donné envie de lire pendant la période des fêtes, et vous avoir inspiré quelques achats de livres d’autrices québécoises!

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