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L’écriture pour combattre la crise de la trentaine… entre autres
Crédit: Pixabay

« Moi, j’écris beaucoup pour me recentrer et pour trouver des solutions à mes problèmes. C’est un peu comme la pensine de Dumbledore :). Ça sort un peu n’importe comment, parfois sous forme de poèmes ou avec une écriture quasi documentaire. »

Je fais partie de cette gang de gens qui a complété une dizaine d’années d’études universitaires, qui n’a jamais pris de break, qui accumule les diplômes; tout ça dans le but de faire la job de mes rêves. Mais ma réalité, comme plusieurs, c’est qu’il n’y en a pas de job après tous ces diplômes et compétences accumulées. Comme pour plusieurs, ça a été le déclencheur de ma énième crise existentielle #crisedelatrentainemêmesij’aipasencoretrenteans.

« J’ai fait une maîtrise avec mémoire et ça a un peu déprogrammé mon côté « écriture créative ». […] Ça m’a un peu brisée, pour faire court. Pis aujourd’hui, j’ai besoin de reconnecter avec cette partie-là de moi. Y’a pas un texte que j’écris dont je [ne] doute pas, je me remets toujours en question, mais ça doit faire partie du processus. J’ai hâte de retrouver ma confiance pis de croire en mes capacités. »

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Ouais. Les études supérieures. C’est palpitant s’t’histoire. Après avoir eu deux années absolument trippantes au cégep, en compagnie d’étudiants et de professeur.e.s motivé.e.s, passionné.e.s, et où on a découvert en nous un potentiel caché pour l’expression écrite et 1001 passions à épanouir, on arrive à l’université. Non seulement on perd nos amis de tous les jours, mais on se retrouve seul.e dans des classes qui débordent, remplies de gens compétitifs prêts à tout pour se faire remarquer par ce prof en avant, prof qui se contente de résumer les textes qu’il nous a demandé de lire pour le cours… Merci de m’apprendre à résumer des textes et à ne pas me forger ma propre pensée critique.

« J’ai longtemps écrit dans un journal intime, pour faire une sorte de rétroaction des grands événements que je vivais (chicanes d’amies, réussites scolaires, etc.) J’ai écrit pour « relâcher » le stress. On dirait que mettre sur papier ce que je pense et ressens, surtout côté émotions, ça m’aide à le comprendre et à laisser aller ce qui doit l’être. »

Alors, oui, moi, je pourrais parler en long et en large de pourquoi je n’ai pas tant aimé mes années de bac. Ce ne sont pas tous les cours qui étaient tristes et intellectuellement appauvrissants, mais la majorité, je crois, l’était. Oui, car moi, dans la vie, je n’aime pas trop pelleter des nuages. En études littéraires, c’est pas mal une spécialité. Bien en fasse à ceux qui tripent là-dessus. Le truc, c’est qu’au cégep, j’avais vécu ce que c’est la passion de la littérature, et comment les livres peuvent devenir l’outil suprême pour critiquer la société, les époques, les mœurs, les tabous, etc. La littérature, pour moi, c’est à la fois l’amour de la contemplation désintéressée, à la fois l’objet ultime pour philosopher sur le réel à travers la fiction, et prendre action pour le bien commun en tant que membre de cette Terre.

« J’aime écrire parce que ça permet d’avoir une tribune et quelquefois de changer les mentalités et de briser des stéréotypes. J’aime écrire parce que c’est aussi une de mes plus grandes forces. »

Mais non. À l’université, on nous apprend beaucoup à penser comme les grands penseurs. Les théoriciens (Non, pour vrai, des hommes blancs cisgenres occidentaux en rafale!? Je n’aurais jamais cru que c’était à ce point.). Nos dissertations, c’est du recopiage de l’opinion de tel ou tel (pas souvent comme telle). Un peu d’analyse par-ci par-là, mais attention, sois pas trop originale. Sois pas trop poétique, artistique. Il ne faut pas déranger le cadre rigide de rédaction, surtout.

« Après plusieurs années, je peux dire que j’écris à nouveau pour valider mes opinions, apprendre davantage chaque jour et continuer à m’exprimer sur ce qui me rejoint. J’aime faire du bien et écrire des choses qui sont douces pour l’âme. »

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Alors voilà. J’en suis aujourd’hui à me remettre de mes blessures universitaires. La maîtrise, notamment, m’a particulièrement écorchée. Au fil des ans, j’ai laissé l’université me voler ma voix, ma plume, ma passion. Je suis en partie responsable, certes. Mais, c’est quand même insidieux comment ça advient. Tu perds le goût de lire pour le plaisir. Tu perds graduellement la confiance pour tes opinions, ta pensée intellectuelle, car elle ne semble jamais correspondre. Et un jour, tu te rappelles la force d’opinion et de conviction qui t’animait, il y a de cela quelques années seulement. La passion qui t’habitait. Et tu refuses de devenir ce que tu étais en train de devenir.

Alors, tu prends ton crayon, ton clavier, ta plume, et tu écris. Tu écris, car tu aimes les lettres, les mots, les sentiments, la nature, les humains. Tu écris, car tu penses d’une façon particulière, et tu as une sensibilité à partager, qui, même si elle ne correspond pas aux normes du cadre université, elle a sa place dans le cœur de certaines personnes qui pourraient aussi s’y reconnaître. Car, juste personne ne devrait laisser s’éteindre son feu intérieur, jamais.

 

P.S. Merci aux collaboratrices TPL pour leurs témoignages! <3

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