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La douance, une chance?
Crédit: Paz Arando/unsplash

Ce matin, j’étais un peu sous le choc de lire le texte de Patrick Lagacé dans La Presse. Il raconte l’histoire d’une jeune fille atteinte de douance et de son destin tragique.

J’étais choquée, car c’est un sujet tabou, peu répandu et malheureusement, toujours méconnu. Je me suis intéressée à la douance lors de mes études, surtout par curiosité. Je me demandais quel destin était réservé à ces enfants doués sur les bancs d’école, croyant simplement qu’ils étaient destinés à s’ennuyer. J’ai été incroyablement surprise par tout ce que j’ai lu.

La réalité c’est qu’une personne douée a un QI aussi loin de la normale qu’une personne ayant une déficience intellectuelle. En ce sens, son écart avec le « reste du monde » est aussi grand. En suit une incompréhension du reste du monde, une incapacité à comprendre et aussi une hypersensibilité autant physique qu’émotionnelle. Les personnes douées ressentent tout en amplifié et ont une empathie hors pair, ce qui rend chaque petite émotion comme une tempête.

Leur écart avec la réalité est souvent la cause de nombreux échecs scolaires, mêlé à l’ennui qu’ils ressentent en classe. En effet, rares sont ceux qui ont des résultats scolaires plus élevés que la moyenne et ainsi, rares sont ceux qui sont diagnostiqués dans leur parcours scolaire. Et malgré leur diagnostic, on croit souvent que c’est un « faux problème ».

J’ai obtenu mon diagnostic à la suite des recherches dont je parlais plus haut. Au beau milieu d’un travail scolaire, je me suis arrêtée en larmes au beau milieu d’un documentaire. Ils parlaient de moi! Je comprenais enfin. À quel point mes relations sociales avaient été vouées à l’échec toute ma vie, cette incompréhension du monde extérieur, cette difficulté d’adaptation constante et cette difficulté à surmonter les tout petits détails de la vie. J’avais compris, enfin!

Mon profil s’est révélé hétérogène, c’est-à-dire que je n’ai pas un QI de plus de 130 dans toutes les sphères. Cela explique l’insuccès scolaire que j’ai vécu et aussi, l’absence de diagnostic avant l’âge adulte. J’ai attendu un an avant de parler de ma douance et même aujourd’hui, peu de gens de mon entourage sont au courant. Pourquoi? Parce qu’alors que je perçois cela principalement comme un défi dans mon quotidien, alors que je sais que ce sera toujours pour moi une épreuve de m’adapter socialement, je sais que les autres diraient « Tu es chanceuse, tu es intelligente! » La douance, ce n’est pas seulement l’intelligence et je ressens à 110% les sentiments de la jeune qui s’est suicidée. Elle a la chance d’avoir été diagnostiquée jeune, mais encore aurait-il fallu que les ressources soient mises en place pour l’aider. Parce qu’elle n’était pas « chanceuse d’être intelligente », elle en était tellement malheureuse qu’elle a voulu mourir. Je souhaite que cette situation réveille les autorités et permette d’éviter d’autres situations du genre. Je souhaite réellement que des programmes scolaires et autres pullulent, se développent et s’améliorent et permettent à ces jeunes d’apprendre à s’adapter à la société et aux autres autour. Parce que, comme le dit si bien Olivier Revol, un expert du domaine, plus tard, ils n’habiteront pas un village d’adultes doués!

Pour poursuivre votre réflexion, je propose quelques vidéos :

Gable, Heidi Hass. «Gifted, creative and highly sensitive children.» TEDxLangleyEd.  10 mars 2015.
Revol, Olivier, interviewé par Pau rencontres littéraires. L'enfance des surdoués (22 novembre 2015).
Surdoués – haut potentiel de souffrance. Réalisé par Radio Télévision Suisse 36.9˚. 29 mars 2017.
Doués et oubliés : Maman qu'est-ce que j'apprend? Réalisé par Québec Pamplemousse média – Télé. 2015  
Enfants surdoués : peuvent-ils vraiment être heureux ? Réalisé par France 2 Toute une histoire. Interprété par avec la participation de la psychologue Jeanne Siaud-Facchin. 27 octobre 2015.
 

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