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Vouloir plus que juste « gagner sa vie »
Crédit: Juan Pablo Serrano Arenas/Pexels

Ma vie est réglée au quart de tour. Depuis très longtemps. J’ai clanché le secondaire, le Cégep, le bac et la maîtrise en un seul souffle, puis j’ai plongé dans le monde professionnel sans jamais remonter à la surface de l’eau pour me remplir un peu les poumons. Ce n’est pas un exploit, je ne suis clairement pas la seule. C’est juste un gros repeat de jour en jour. Métro, boulot, dodo. No questions asked.

Dernièrement, j’ai entendu à la radio l’expression « gagner sa vie ». Ce n’était pas une nouveauté pour moi ou quoi que ce soit, mais bizarrement, cette journée-là, c’est resté jammé dans ma tête. Ça m’a un peu secouée, parce qu’on s’entend que « gagner sa vie », ça veut dire travailler, pis il me semble que c’est pas mal réducteur pour tous les autres aspects de la vie qui devraient primer. Pourtant, c’est vrai que c’est ce qui régule ma vie actuelle, mais je ne sais pas si c’est vraiment « gagnant » pour autant.

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Après des vacances à juste rien faire (littéralement), je me suis aperçue du grand bien que ça avait sur moi, l’absence d’obligation. C’est là que je me suis vraiment rendu compte que j’étais due pour une pause. Une pause de quoi? Une pause de tout. Une pause du stress. Une pause des problèmes qui ne devraient pas en être. Une pause d’horaire over planifié. Une pause de besoin de performance. Une vraie pause. Une pause pour juste être bien, dans le fond.

Avant de slider trop loin dans la spirale d’un trop-plein inévitable, j’ai pris la grande décision de quitter mon emploi. Sans plan B ou prochaine destination établie. Juste mettre la cassette sur stop. 

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On m’encourage depuis que je suis toute petite à me dépasser, on me dit que je vais faire de grandes choses et devenir quelqu’un. J’y crois aussi, mais je n’ai juste jamais pris la peine de me demander c’était qui, cette personne-là que je voulais devenir. Et là, je pense que c’est le temps de me poser les bonnes questions. J’ai la chance d’avoir un support incroyable des gens qui m’entourent. Et pourtant, malgré tout ça, j’avais peur, en l’annonçant à mes proches, qu’on tente de m’en dissuader. Finalement, ça a été tout le contraire de ce à quoi je me préparais. On m’a dit comprendre complètement mon état d’esprit. On m’a félicitée pour mon audace. On a reconnu que je ne semblais plus aussi heureuse qu’autrefois. On m’a soutenue.

J’ai été surprise du nombre de personnes qui disaient m’envier, qui me trouvaient courageuse de faire le saut. C’est là que j’ai pris conscience qu’on est un maudit gros groupe à se questionner, mais qu’on a souvent tendance à attendre (trop) longtemps avant de faire un move. Un move 100% pour soi, c’est totalement égoïste, mais je pense que ça peut l’être dans un sens positif.

J’ai laissé retomber la poussière avant d’écrire ces quelques lignes, question de me recentrer et de voir comment j’allais. Je me suis rendu compte que cette décision, même si elle est assez récente, m’a vraiment appris beaucoup et m’a permis d’être plus présente pour mon entourage. Pas tant au niveau physique, mais maintenant, quand je suis là, je suis là au complet. Pis ça fait du bien de me retrouver entière.

La vague d’amour que j’ai reçue en prenant cette décision dépasse tellement tout ce à quoi je m’étais préparée. Autant au niveau de mes proches dans ma vie personnelle que de mes collègues, qui l’avaient pourtant plus ou moins vu venir. Ça fait drôle de me dire qu’il y a des gens que je ne recroiserai sans doute plus jamais. En entrant dans l’auto, à la fin de ma dernière journée, j’avais la tête tellement légère, mais le cœur incroyablement lourd. Parce que même si je laissais derrière moi les struggles réguliers, j’y laissais aussi un groupe de personnes exceptionnelles, qui composaient les épisodes quotidiens de ma vie, depuis plusieurs grandes saisons déjà.

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J’ai souvent vécu l’autre côté du drame, mais rarement j’ai été celle qui quitte. Ou du moins, qui quitte subitement. Pas d’explosion, pas de fissure pour indiquer la fuite. Juste un saut dans le vide, en espérant que le parachute ouvre, mais en prenant la peine de profiter un peu de la vue, tant qu’à être là.

Malgré toute cette tempête d’émotions, je sais au fond de moi que j’ai fait ce qu’il fallait. Je ne sais pas ce que demain me réserve. Ni la semaine prochaine. Ou le mois d’après. C’est honnêtement tout aussi exaltant que terrifiant. Mais pour la première fois depuis (trop) longtemps, je suis bien. Juste bien. Et simplement pour ça, je peux dire que je l’ai déjà gagné, ma vie. Tout le reste ne sera que des surprises à découvrir, along the way.

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