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Mes vacances ou le paradoxe de l’angoisse à l’idée de ne rien faire
Crédit: Andrea Piacquadio/Pexels

« Qu’est-ce que vous avez fait pendant vos vacances? » C’est la fameuse question-brise-glace-de-retour-à-la-vie-quotidienne-de-bureau. Super banale, mais qui, chaque année, est toujours très bien préparée de mon côté (j’ai l’édition « coup de cœur », « faits saillants » et « super-long-récit-avec-des-détails-tellement-intenses-qu’on-dirait-que-tu-y-étais », que je répartis selon ma relation avec la personne qui me pose la question).

 

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Pour la première fois depuis probablement toujours, cette année j’ai pu répondre « rien ». Une seule version. One-size-fits-all. Je n’ai « rien fait » pendant mes vacances et ça m’a fait réaliser pas mal de choses sur moi.

Premièrement, le besoin de performance prend beaucoup trop de place dans ma vie. C’est probablement juste une question de conditionnement, de par les longues années d’études à toujours devoir aboutir à un objectif préétabli qui repousse le stress de session en session en session… mais quand même, ne rien faire durant une longue période m’a angoissé. Le terme « angoisse » sonne deep un peu, mais c’est quand même ça.

 

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Pourtant, je n’ai aucun souci à ne « rien faire » sur la plage durant une semaine, alors pourquoi est-ce que c’était si différent de ne rien faire chez moi? Pour la première fois depuis longtemps, j’étais laissée à moi-même, sans plan ni destination. C’est le genre de choses qui arrive une fin de semaine de temps en temps, mais 14 jours collés, ça m’a pas mal travaillé, mettons. Je me sentais mal de ne rien faire. Pire encore, j’avais l’impression de gaspiller le temps de vacances de mon amoureux (qui, pourtant, était lui aussi très partant à l’idée de prendre ça smooth).

Des vacances, ça devrait être d’abord et avant tout pour relaxer, pour « recharger nos batteries ». Peu importe la forme que ça devrait prendre. Culpabiliser parce qu’on prend du temps pour soi, ça ne devrait pas être permis. #SelfcareForTheWin

Ma deuxième grande réalisation, c’est que je ne suis pas assez à l’écoute de mon corps, dans la vie de tous les jours. Je brûle la chandelle par les deux bouts, comme ils disent. J’ai tendance à vouloir faire une grosse journée de travail, mais aussi à vouloir profiter de ma soirée pour avancer des projets personnels, au détriment de mon sommeil ou de ma santé.

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Depuis le début du télétravail, je profite de ma pause du dîner pour échanger avec des gens que j’aime. Quand j’appelle ma mère, avant de raccrocher, elle me dit toujours « Travaille pas trop fort là, juste ce qu’il faut!» Au début, je trouvais ça cocasse, parce que j’ai toujours eu l’habitude de donner mon 110%. Avec du recul, je me rends compte que juste mon 100%, c’est généralement bien assez.

J’ai regardé ma boîte courriel professionnelle chaque jour durant la première semaine de mes vacances. Par réflexe, mais aussi pour être sûre que rien n’explose. Durant la deuxième semaine, je me suis raisonnée en me disant que s’il y avait réellement une urgence, mes collègues arriveraient à me rejoindre d’une autre façon. J’ai retiré mes notifications et j’ai enfin pu décrocher réellement.

Depuis mon retour de vacances, je n’ai pas réactivé les notifications associées au bureau de plusieurs de mes appareils (salut, le concert quand je recevais un courriel et que mon ordi personnel, mon iPad, mon cellulaire et ma montre m’indiquaient ce nouvel ajout) et je me suis mis un maximum d’overtime par soirée. Je n’y arrive pas toujours, le quotidien oblige, mais je sens que ça a quand même eu un impact très positif sur mes soirées, où mon attention est concentrée dans le moment présent et non dans mon agenda du lendemain.

 

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Finalement, ma dernière illumination, c’est que, même lorsque l’on a l’impression de ne « rien faire », on en fait pas mal de choses. J’ai passé un gros deux semaines principalement chez moi. On a fait pas mal de menus travaux dans le condo, pris le temps de planifier de plus gros changements (salut, la nouvelle cuisine qui s’en vient le mois prochain!), mais surtout, on a vu les gens qu’on aime, on a dormi collés jusqu’à pas d’heure et on s’est fait une collection de beaux moments indescriptibles, mais qui viennent chatouiller l’intérieur quand on y repense.

Quelques semaines avant les vacances, j’avais dressé une liste de tous les projets, petits ou grands, qu’on voulait faire dans un avenir prochain. On a coché pratiquement le tiers de ce qui y figure, sans pour autant que ça nous paraisse comme étant des tâches, parce qu’on en faisait pour varier nos activités et que c’était seulement une option, pas une obligation.

Bref, c’est correct de ne rien faire. C’est correct de ne pas tout prévoir. Pis c’est aussi correct de se laisser vivre au jour le jour.

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