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Mon anxiété sociale à l’heure du déconfinement
Crédit: Pexels

« Bonne » nouvelle, le gouvernement nous indique qu’il y a enfin de la lumière au bout du tunnel; un plan de déconfinement se précise au fil des points de presse et on se permet d’espérer le retour à une certaine normalité. Excellente nouvelle, certes, pour l’économie et les commerces locaux ainsi que pour la santé mentale des jeunes et des moins jeunes. Toutefois, alors que je tente ardemment de me réjouir, je ne peux m’empêcher de lire ces annonces avec une pointe d’appréhension. Non, je n’ai pas particulièrement peur de contracter le virus. Ce qui m’effraie, c’est de devoir sortir de mon cocon.

Je souffre d’anxiété sociale. Pour moi, les relations interpersonnelles sont un combat quotidien que j’ai, malgré moi, été bien contente de cesser de mener au cours des derniers mois. Ma relation à l’autre est trop souvent hantée par l’angoisse de déranger, avec mon émotivité, ma franchise, mon cynisme. La crainte de ne pas assez sourire, d’en dire trop, de me tromper. J’ai peur du jugement, du rejet. Et encore plus de l’attachement.

Croiser quelqu’un que je connais a l’épicerie, c’est pour moi le même niveau de stress qu’un exposé oral. J’ai chaud et je me cacherais volontiers derrière l’étalage de pâtisseries pour éviter de me lancer dans un small talk dans lequel je n’ai aucun talent. Évidemment, j’ai appris à vivre en société et, après coup, je retire toujours un grand plaisir de ces échanges fortuits. Un peu comme une épreuve sportive : le bonheur d’y participer est généralement proportionnel au défi qu’elle représente. Pour une anxieuse, aller à la rencontre de l’autre c’est, en soi, un défi.

Pourtant, les gens, je les adore avec tout l’amour sincère d’une amie, d’une sœur, d’une fille. J’aime les écouter, les comprendre, et par-dessus tout, les aider. C’est probablement ce qui m’a menée malgré tout à travailler dans le service à la clientèle. Vêtue de mon sarrau, les inhibitions tombent, protégée que je suis par mon masque de professionnelle.

Mais la femme, elle, a peur de décevoir bien plus encore que de mourir de la COVID-19. Et cette peur maladive nourrit mon imaginaire de scénarios catastrophes avant chaque réunion de bureau, chaque souper familial, chaque événement social.

Oui, j’apprécie la compagnie et il est vrai que ma famille et mes amis me manquent terriblement. Mais le hamster hyperactif qui habite mon cerveau et le bombarde de pensées anxiogènes a apprécié de prendre un break de sa petite roue. Jusqu’à maintenant, il n’est pas certain d’être prêt à y rembarquer.

Je sais qu’une fois la routine rétablie, mon hamster et moi allons reprendre le rythme en ressortant notre boîte à outils pour « affronter » le monde. Et que nous allons réapprendre à y prendre plaisir. Mais d’ici là, je ne peux m’empêcher d’avoir un peu peur de ce retour annoncé à la réalité.

 

C’est la Semaine nationale de la santé mentale. Si vous vivez de la détresse, n’hésitez pas à parler.

Visitez le site de l’Association canadienne pour la santé mentale pour découvrir les ressources mises à votre disposition et trouver de l’aide.

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