Non, mais sérieux, quelle semaine! Nous sommes plusieurs personnes à être anxieuses, à ne pas savoir où toute cette situation nous mènera et la dose d’incertitude que le COVID-19 nous injecte dépasse clairement les limites de l’habituel. Et avant même cette histoire de virus, mon travail de sexologue m’a permis de tirer la conclusion que les humains n’aiment pas l’incertitude; c’est d’ailleurs un thème récurrent lors des consultations qui ont lieu dans mon bureau de sexologue.
C’est normal de ne pas aimer ça puisque l’incertitude nous cause de l’anxiété. En ce moment, des millions de personnes du monde entier baignent dans l’incertitude par rapport à leur sécurité financière, leur travail, la santé de leurs proches et la leur, leurs plans futurs, leur éducation et la poursuite de leur session académique, et plus encore.
Je ne sais pas si vous vous rappelez de votre cours d’introduction en psychologie au Cégep, mais on parle pas mal de la première base de la pyramide de Maslow ici. Nos besoins de base sont menacés et notre niveau de cortisol – une hormone sécrétée en situation de stress – pète le plafond, et on comprend pourquoi.
Heureusement, il existe des trucs pour limiter un peu notre stress en cette période difficile et j’ai décidé de vous en partager 3 qui vous permettront de vivre mieux pendant la pandémie (et tout ce que ça implique).
1- Limitez votre exposition aux nouvelles
Nous avons beau être au milieu d’une pandémie, mais nous vivons également une infodémie. Mettez-vous une limite et ne consultez que des sources fiables comme Santé Canada ou le World Health Organization.
Laisser la télévision allumée et regarder toutes les notifications sur votre téléphone ne fera qu’augmenter votre fatigue sensorielle. Avant même l’éclosion du virus dans les médias, le Pew Research Center aux États-Unis avait démontré que les gens ressentent ce qu’ils ont appelé la « news fatigue », qu’on pourrait traduire librement par « une fatigue par les nouvelles ». L’Association américaine de psychologie est elle aussi arrivée à des conclusions similaires et donc, durant cette période critique, il serait donc judicieux pour vous de revoir votre façon d’être exposé.e aux nouvelles.
Demandez-vous s’il est vraiment nécessaire d’être exposé.e continuellement à un flux de nouvelles (jamais très positives en ce moment). Quel vide tentez-vous de combler en voulant être au courant de toutes les mises à jour de l’information? Est-ce que cela vous donne une impression de contrôle, ou plutôt un sentiment de perte de contrôle? C’est parfois difficile de cerner nos émotions véritables, mais ce sont des questions importantes à se poser.
2- Remplacez le terme « distanciation sociale » avec « distanciation physique »
Il est plus juste, à mon avis, de parler de distanciation physique que de distanciation sociale, parce que nous avons encore un tas de moyens de rester connecté.e.s et une simple recherche sur internet vous donnera des idées.
Il est possible de jouer à des jeux en ligne avec nos amis, et pas seulement des jeux vidéos, des jeux de société également!
Écoutez un film en simultané et échangez dans un group chat durant le film; c’est même une option sur Netflix maintenant!
Choisissez une routine d’exercice à faire sur Youtube, commencez une vidéoconférence et faites la séquence en même temps.
Les idées ne manquent pas, c’est juste différent de ce à quoi nous sommes habitué.e.s.
3- Profitez de ce temps pour faire un travail d’introspection
Plusieurs personnes s’ennuient après avoir fait le tour de Netflix et de Youtube. Pour d’autres personnes, être seules et laissées à elles-mêmes pendant une longue période est difficile parce que cette situation entraîne l’apparition de pensées ruminatives.
Mais, au contraire, cette période de distanciation peut aussi être une bénédiction déguisée. Comme il est plus difficile en ce moment de combler tout notre temps avec des choses à faire, on a maintenant le temps de juste être. Saviez-vous que d’être constamment dans l’action est une bonne forme de distraction? Mais l’ennui est une chose bien intrigante, quand on y pense.
Ne sommes-nous que des créatures avides de stimuli? Et si oui, serait-ce dans le but d’éviter la vacuité de nos êtres ou de nos vies? Sans entrer dans un vortex philosophique ici (mais si ça vous intéresse, je vous conseille cet article et celui-ci), on peut quand même souligner qu’en général, les humains n’aiment pas être seuls avec leurs pensées. Du moins, pas trop longtemps.
Fun fact, une étude parue en 2014 dans le journal académique Science a démontré que des gens préféraient s’administrer un choc électrique plutôt que d’être confrontés à l’ennui. Je vous laisse relire cette dernière phrase pour bien l’absorber.
Tout ça pour dire que nous avons tendance à éviter nos propres pensées. Mais puisqu’on a du temps devant nous, pourquoi ne pas en profiter pour entreprendre une démarche personnelle de réflexion sur nos craintes, mais aussi sur nos rêves et nos ambitions?
Ce sera peut-être inconfortable par moments, mais ça risque aussi de motiver de beaux changements, si vous voulez mon avis.
Alors, comment vivez-vous cette période de pandémie? Quels sont vos trucs pour passer à travers?
Je m’appelle Kanica Saphan, je suis sexologue et je peux répondre à vos questions sur les relations interpersonnelles, les difficultés affectives et sexuelles. Si vous aimeriez me rencontrer en séance individuelle, vous pouvez me contacter via ma page Facebook Le Sofa Sexologique. À bientôt!
Gottfried, J. (2020, 26 février). Americans’ news fatigue isn’t going away – about two-thirds still feel worn out dans Pew Research Center : Fact tank : news in the numbers. Récupéré de https://www.pewresearch.org/fact-tank/2020/02/26/almost-seven-in-ten-americans-have-news-fatigue-more-among-republicans/
Heid, M. (2018, 31 janvier). You Asked: Is It Bad for You to Read the News Constantly? dans Time : health / mental health / psychology. Récupéré de https://time.com/5125894/is-reading-news-bad-for-you/?fbclid=IwAR3l2tvJeEV28VzZXfXjUVWqmVw1J5RVsqoFjut79h4WMmkZDPWoUzXI_5Q
Wilson, T. D., Reinhard, D. A., Westgate, E. C., Gilbert, D. T., Ellerbeck, N., Hahn, C., Brown, C. L., & Shaked, A. (2014). Social psychology. Just think: the challenges of the disengaged mind. Science (New York, N.Y.), 345(6192), 75–77. https://doi.org/10.1126/science.1250830