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Quand le body positive ne fonctionne pas
Crédit: Unsplash/rawpixel

Je vous avertis, le présent texte ne sera pas empreint de positivité et de bonheur.
Il s’adresse plutôt à ceux et celles qui ont mal, parce que vous méritez de vous faire acknowledge, vous aussi.

Je m’identifie maintenant depuis quelques semaines comme une personne grosse. Ça faisait quelques années que le combat pour la diversité corporelle m’interpellait, et je me suis toujours gardé un devoir de me renseigner, et d’être à l’écoute du problème. Mais je gardais toujours une certaine distance.
Toutefois, la situation a changé. Beaucoup de facteurs sont entrés en ligne de compte, et me voilà, quelques semaines plus tard, grosse.

J’ai toujours été une fille qui a de la misère avec son poids, son corps. Toujours. Mais cette fois, même si je ne pensais pas que c’était possible, c’est devenu encore plus viscéral.

Évidemment, toutes les pages body-diversity et self-esteem sont devenues encore plus pertinentes, et je n’étais que plus sensible aux propos qui étaient partagés. Mais étrangement, je trouvais que ça ne m’aidait pas.

Souvent, les photos des femmes qui sont partagées, ou les propos qui sont publiés sont très positifs. Et je le comprends, et c’est très normal, et il faut que ce le soit. Pour ne pas qu’on soit totalement démoralisées tout le temps. Pour qu’on ait un petit vent de fraîcheur, de temps à autre.

Mais c’est devenu lourd. Parce que je ne suis pas comme ces femmes grandes, rondes, souriantes, jolies, bien habillées, photogéniques.

Je suis une jeune étudiante paumée dans un univers de gens minces, je suis celle qui n’a qu’une paire de pantalons et quelques chandails trop serrés à porter, je suis celle qui ne veut pas sortir dans les bars le soir parce que je sais que je ne serai pas capable d’endurer les éternels compliments sur mon amie, je suis celle qui pleure chaque matin avant de devoir sortir, je suis celle qui tente de faire un simili-régime depuis des semaines sans succès, je suis celle qui déteste son corps, le déteste, ne veut que le voir disparaître, je suis celle qui ne peut tolérer de voir une photo de son visage trop rond, je suis celle qui n’ose pas trop souvent se lever de son siège, car je ne veux pas que l’on voie mes bourrelets, mes bras, mes cuisses, mon ventre.

Je suis celle qui est grosse, mais qui ne réussit pas à être heureuse. Je suis celle qui, désespérée, a tapé à plusieurs reprises dans son moteur de recherche « how to lose weight fast », je suis celle qui a consulté des nutritionnistes avant de laisser tomber, car je n’ai pas l’argent pour me le payer. Je suis celle qui a envoyé une demande pour du soutien technologique et qui doit attendre plus de 8 semaines pour obtenir une consultation. Je suis celle qui n'ose même pas regarder un jeune homme, car j'ai honte de penser qu'il pourrait s'intéresser à moi.

Je suis celle qui se fait faire des commentaires sur ce qu’elle mange, je suis celle qui boit 5 tasses de café par jour, car j’ai lu que ça aidait à maigrir. Je suis celle qui veut bien être heureuse comme ces femmes rondes sur Instagram, mais qui n’y parvient tellement pas. Je suis celle qui est découragée, qui ne voit pas le bout, et qui commence à se dire que son rêve d’être un jour mince ne se réalisera peut-être jamais.

Je sais que ces femmes sur Instagram, et toutes les femmes sur Instagram en fait, ont leurs issues. Tout le monde en a.

Mais étrangement, ça devenait comme lourd de voir toutes ces femmes être capables d’affronter leurs insécurités, et être capable d’être belles, et de se trouver belles.
 
Parce que moi, malgré tous mes efforts, je n’y parviens pas. Et je ne sais plus quoi faire pour y arriver.

Tout ça pour vous dire que je n’ai pas de solution. Mais si vous êtes un peu comme moi, que vous avez une estime personnelle ben défaillante, et vous avez de la misère à vous relever : bienvenu.e dans le club. Vous n’êtes pas seul.e.s. 

                                           

Crédit : giphy
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