Aller au contenu
Vivre avec la tête dans un coquillage : Le diagnostic d’une étourdie atteinte de la maladie de Ménière
Crédit: Dessin par Maude Bergeron

J’étais en secondaire un lorsque ma première crise d’étourdissement s’est invitée dans ma tête, scrappant tous mes sens sur son passage.

Assise dans la première rangée d'un cours pas tellement intéressant, je regardais le tableau en faisant semblant d’écouter le prof lorsque j’ai senti la pièce basculer complètement autour de moi. J’avais l’impression d’avoir tourné sur moi-même en fixant mes pieds, comme nous faisions étant enfant pour nous amuser.
 
T’sais après avoir tourné abusivement, quand c’était le moment de relever la tête pour regarder au loin, tout semblait bouger soudainement. Notre corps était incapable de rester droit et nous finissions par simplement tomber par terre avec peu de délicatesse. Je me sentais comme ça, sans le côté amusant de la chose et avec en prime, un mal de cœur qui me faisait craindre pour la propreté future du dessus de mon pupitre. J’aurais probablement vomi si j’avais tourné la tête à ce moment précis, mais par chance, j’avais un point de repère fixe à ne pas lâcher des yeux.

Après une quinzaine de minutes à fixer le tableau comme une championne, je sentais déjà la grosse chute de vomi qui se préparait à sortir pour asperger tout ce qui se trouvait à proximité. J’avais vraiment l’impression d’avoir un gros boyau d’arrosage comme celui que les pompiers utilisent pour éteindre les feux à la place de l’œsophage.

Jim Carrey - Giphy

Crédit : Giphy

En moins de quelques secondes, j’ai dégueulé partout sous le regard dégouté d’une trentaine d’élèves. Je me suis aussi mise à pleurer (rendue là, why not?), convaincue qu’il s’agissait de ma dernière journée de vie sur Terre avant d’avoir perdu ma dignité à jamais. J’étais en secondaire un et il ne faut pas oublier l’importance d’une réputation à cette époque.

Mes parents m’ont conduite à l’hôpital dans les jours qui suivirent. On me diagnostiqua une labyrinthite en spécifiant que j’étais chanceuse, que ça allait disparaître magiquement à jamais d’ici une à deux semaines.

Ce fut le premier mensonge qu’on me raconta à propos de ma santé.

Quelques mois plus tard, une seconde crise d’étourdissement me frappa avec un petit bonus vraiment agréable : des acouphènes et de la surdité dans mon oreille droite.

De retour chez le médecin, on me parla de bouchons de cérumen qui pouvaient causer la surdité passagère. Je devais prendre un rendez-vous pour nettoyer le tout.

 Ce fut le second mensonge qu'on me raconta à propos de ma santé.

En arrivant à l’hôpital, on me mentionna qu’une visite chez l’otorhinolaryngologiste serait une bonne idée, ce qui ENFIN me paraissait être une proposition très raisonnable et justifiée, après plusieurs crises très paralysantes en moins d’un an.

On me diagnostiqua finalement – après une série de tests tous plus sympathiques les uns que les autres (lol, nope) – une maladie un peu rare chez les jeunes et quand même inconnue : La maladie de Ménière.

De-quessé-que-quoi-pardon?

Maladie chronique imprévisible caractérisée par la récurrence de crises de vertiges qui s’accompagnent de bourdonnements, d’acouphènes, de sentiment d’oreille bouchée et de surdité. O.K. COOL!

Britney - Giphy

Crédit : Giphy
 

Je vis donc avec cette maladie depuis déjà 12 ans et savez-vous quoi? Je n’en sais pas encore grand-chose, même après plusieurs crises, après de la physiothérapie de l’oreille interne, après de multiples arrêts de travail, après mille millions de visites chez plusieurs docteurs différents.

J’commence à me demander combien nous sommes avec nos belles petites oreilles bouchées pis nos têtes qui tournent en rond pas mal souvent. Peut-être que nous pourrions nous starter un club full hot genre « Les étourdies aux oreilles bouchées et aux têtes de coquillages du Québec ».

Et vous, votre tête est-elle pognée dans un maudît gros coquillage comme moi?

Plus de contenu