Aller au contenu
La fille qui ne voulait plus se lever pour aller au travail le matin.
Crédit: Ton petit look

« Wow ça a tellement l'air fou ta job! », « OMG, chanceuse, t'as tout de suite trouvé une job de rêve! », « Ça a l'air tellement parfait! ». 

Au début, j'y croyais moi aussi. Un poste dans une agence de communications réputée, et ce, juste en sortant de l'université, c'était le rêve. « Bravo la grande, t'es partie pour la gloire », que je me disais. Disons que je suis rapidement descendue de mon nuage. Mon patron a pris moins de 6 mois pour faire éclater ma belle balloune. Je suis vite tombée dans son tourbillon de manipulation. Tous les beaux aspects de mon travail ne valaient plus rien comparés à la situation dans laquelle je me retrouvais.  
 
J'ai choisi de travailler dans un milieu moins conventionnel qui nécessite des heures supplémentaires et beaucoup de travail. J'ai choisi ce milieu-là en pleine connaissance de cause, mais je pense que tout est une question d'équilibre. Au début, c'était quelques heures de plus ici et là qu'on me demandait, lorsque l'agence roulait à plein régime. Rapidement, les journées ont allongé et mon téléphone sonnait tard le soir et le week-end. Quand je ne répondais pas, il rappelait sans cesse et j'avais droit à des reproches sur mon implication. Parce que LUI travaillait comme un fou, je devais faire pareil, sinon j'étais une paresseuse. 

Évidemment, je n'étais pas payée pour tout cet over. Ni en argent ni en compensation de temps. La raison? C'est comme ça partout et c'est normal, c'est ça un vrai travail! Entendez-moi bien, je ne suis pas quelqu'un qui compte ses heures, mais quand c'est fait sous la peur et les menaces, disons que la motivation est moins là.
 
Puis, les reproches professionnels ont laissé place aux attaques personnelles. Il se moquait constamment de moi et d'autres employés et ne se gênait pas pour faire des commentaires méprisants sur notre vie personnelle. On ne savait jamais à quoi s'attendre : une journée il était de super bonne humeur, la suivante, le son de la respiration de ses employés lui tombait sur les nerfs.

Par contre, après chaque crise, c'était toujours la même chose. On dînait à ses frais, il nous complimentait sur notre travail et il nous faisait des cadeaux. Il nous faisait sentir comme si nous étions indispensables.

Jusqu'à la prochaine crise.
 
J'en suis venue à être terrorisée chaque fois que je voyais son nom sur mon cellulaire. Moi qui avais toujours été assez stable émotionnellement, j'ai commencé à faire de l'anxiété. J'ai pris du poids parce que je mangeais mes émotions. Mais je n'avais pas le droit de chialer, j'avais une job de rêve!

Sans trop m'en rendre compte, au fil des jours, j'ai abouti dans un creux. C'était le deuxième mois où tous les matins, sans exception, je débattais dans ma tête à savoir si je devais rester chez moi et caller malade. Moi, la fille super motivée et travaillante, j'étais rendue au point de ne même plus vouloir me rendre au boulot. Ce matin-là, j'ai décidé de me choisir et de protéger ma santé mentale. 

J'ai démissionné. Je ne me suis jamais sentie aussi libre qu'en traversant la porte pour la dernière fois.
 
Les jours suivants ont été libérateurs, mais les semaines qui ont suivi ont été plus difficiles. Un peu comme après une rupture, je ne voyais plus les mauvais côtés du travail. Notre esprit est wise et nous aide à passer à travers les étapes difficiles nous faisant oublier le mal. Je me souvenais seulement de ce que j'aimais de mon travail et ne pensais qu'aux bons moments en stalkant tous les médias sociaux de l'agence! Je me blâmais pour TOUT et m'en voulais d'avoir été aussi faible. 

Un peu comme dans un deuil, tout ça a passé. Je suis maintenant plus heureuse que jamais. Je sursaute encore un peu en entendant le nom de mon ancien patron et j'ai sincèrement pitié de la personne qui me remplace (parce que, oui, l'histoire se répète), mais j'ai beaucoup appris avec cette expérience. J'ai réussi à me distancer de ce que j'ai vécu et à comprendre que je n'aurais rien pu faire différemment. 
 
Si vous êtes victime de harcèlement ou de manipulation au travail, n'attendez pas, visitez la commission des normes du travail pour de l'aide et des ressources. 

Plus de contenu