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TPL passe en mode : indignation (et vous demande de faire de même MAINTENANT)

photomontage via la page Facebook de TVA. La pancarte est celle de Marie-Hélène, via le fameux « fuck y’all » de Claude Poirier. 
Vous vous en doutez sûrement, mais entre les articles qui vous font sourire et ceux qui vous font faire squee!, les filles de TPL dépriment grave. C’est très dur vivre ces jours-ci, tout particulièrement vivre à Montréal en plein conflit étudiant. Conflit me semble un mot bien faible en fait, alors que tout ce qu’on croyait savoir sur nos valeurs collectives, nos priorités et nos droits est en train de s’effriter dans un clusterfuck infini de violence et de laideur.

Les médias à qui on faisait confiance nous mentent, et on est obligées de le savoir parce que quand on ne marche pas des heures durant entre les bombes lacrymogènes, les gens qu’on aime et l’odeur de la peur, on fait de l’insomnie nuit après nuit, rivées devant CUTV, dernier média digne de ce nom, à regarder la guerre qui fait rage dans les rues où on sortait jadis pour faire la fête dans ce qui feel comme un passé  lointain. Et en rentrant chez nous, on regarde à la télé une manif qui ne ressemble en rien à celle où on vient de se faire abuser. Chaque soir dans la rue, physiquement ou par proxy, chaque jour à tout lire, tout contester, tout vomir, et c’est devenu tellement lourd. Chaque soir à regarder mourir morceau par morceau le rêve qu’on partageait il y a quelques semaines. On ne fait plus que militer, on survit. Et les revendications printanières sont devenues les batailles de l’été.

On ne sait plus où on vit. On ne sait plus qui on est, presque, parce que c’est dur de trouver sa place dans un monde où un frisé corrompu et couillon a le pouvoir de cracher sur des milliers de personnes et de transformer notre ville en champ de bataille permanent. On sait tous qu’il nous niaise, le vieux con, mais on n’est pas capables de s’empêcher de se battre pour ce en quoi on croit, parce que c’est viscéral de défendre ce à quoi on tient, encore plus quand on a l’impression qu’il ne nous reste plus grand chose.

Mais pas pour tout le monde. Vous les avez vus, partout, ces idiots qui polluent nos feeds avec toute la haine des ignorants et des peureux. Ils sont nos amis, notre famille, nos collègues. Ils nous traitent de tous les noms, avec toute la confiance de quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds dans une manif ni osé rêver d’un monde plus juste. Ils jouent leur rôle et font leur « juste part » dans la grosse game d’échecs fuckée qu’on joue tous pendant que Charest se frotte les mains et nous magouille de plus belle dans le dos.

Cette situation fait de chacun de nous un pion, une joke, une boule d’émotions écorchée et impuissante qui s’accroche à l’espoir de retrouver ce qu’on a perdu. Ce qu’on nous a volé. Notre confiance en l’avenir, notre identité comme peuple, notre innocence de jeunesse, notre amour de la race humaine, ou du moins ce qu’il en restait. Notre argent. Notre temps. Nos droits.

Il fait beau ces jours-ci, mais il fait vraiment très laid dans nos têtes. Si je ne devais vous dire qu’une seule chose, ce serait de vous INFORMER. C’est votre devoir de vous informer, et de le faire à plusieurs endroits, parce que c’est plus dangereux que jamais de croire aveuglément et d’enfoncer sa tête dans son cul. Votre haine, chers trippeux de Stéphane Gendron, nourrit ceux qui nous bousculent, nous poivrent, nous jugent, nous oppriment et nous volent ce à quoi on a droit. Informez-vous, ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas et surtout, surtout, ne prenez pas vos droits pour acquis. On a déjà tellement perdu, et ça continue tous les jours alors que le nombre d’arrestations et de blessés augmentent, sans pour autant faire bouger les sondages bidon qu’on enfonce dans la tête des gens crédules à chaque jour.

Au moment où je vous écris, un manifestant est inconscient, par terre à côté d’une voiture. La SQ menace d’arrêter les gens qui le protègent. Une vidéo d’un gars qui se fait rouler sur le corps par une voiture de police circule sur internet. Des rumeurs de loi martiale sont chuchotées partout. C’est certain que déployer l’armée, c’est une meilleure idée que la médiation… (???!) On jase, là: faut-tu s’immoler, tabarnak?


capture d’écran de RDI, via les internets. 

C’est ça, votre pays, chers idiots, chers libéraux, chers caquistes, chers trolls de Twitter? C’est comme ça que vous traitez vos enfants? Parce que le temps passe vite, vous savez. Et si on n’emmène pas son argent dans sa tombe, on y traine toutefois ses regrets. Je sais que ce billet est lourd, et vous m’en excuserez; s’informer, ça fait aussi mal que peur, parce que la réalité est lourde comme une tonne de briques. Pour les pistes de solutions optimistes, on repassera. Il est trop tard dans la nuit et je déprime grave. Ceci dit, lâchez pas, étudiants et militants. Vous êtes mille fois plus beaux que la crise est laide. Il faut se battre pour chaque once d’espoir qu’on nous dérobe. Le monde, il est à nous, qu’ils le veulent ou non.

J’ai honte de mon pays. J’ai peur, j’ai mal, je suis en colère. Charest, mon vieux crisse, je te hais. J’espère que nos cris de terreur te gardent au chaud la nuit.

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