Parmi mes nombreuses réflexions, ma vie relationnelle est toujours sujette à des questionnements, des déconstructions et redéfinitions. J’ai longtemps réfléchi à ce que je faisais pour toujours tomber sur le même genre de personnes. Dernièrement, j’ai eu une épiphanie sur un vilain défaut que je possède, qui a sûrement eu de gros impacts sur mes patterns relationnels : mon orgueil mal placé.
Il m’est arrivé de me plaindre à propos des (pardon la vulgarité) f*ckboys qui sont passés dans ma vie dans les dernières années. Ceux qui m’ont fait sentir spéciale, puis déçue quand je me suis rendu compte que je n’étais qu’une parmi d’autres. Je parlais (me plaignais) à qui voulait bien l’entendre des intentions malhonnêtes, des déceptions toujours plus frustrantes, de cette game superficielle qui suinte la vie de célibat. On m’a alors répondu « Girl YOU invented the game! »
La révélation. Ma foi, cette personne avait raison, c’était le retour du boomerang, le karma qui s’occupait de moi. Alors que je me victimisais comme si j’étais la sainteté incarnée, mon entourage m’a rapidement relevé mon hypocrisie. J’ai réalisé que j’ai moi-même été une f*ckgirl, (comprendre ici la personne qui ne sait jamais vraiment ce qu’elle veut, celle qui donne juste assez pour garder l’attention d’une autre personne, mais qui n’est jamais intéressée à rien de plus).
C’est que pendant plusieurs années, je n’ai jamais voulu m’engager avec qui que ce soit. Le temps a passé et j’ai eu envie de bâtir quelque chose de sincère, j’étais maintenant prête; « Mettez-vous en file que je choisisse »! Le coup sur l’orgueil, quand je me suis rendu compte que ça ne fonctionnait pas comme ça. Que de jouer la désintéressée, eh bien, ça n’attire personne qui veut du sérieux, au contraire.
L’orgueil et la peur viennent définitivement ensemble. Je voulais tout recevoir avant de donner un tout petit peu. Par orgueil, parce que de sentir le moindre désintérêt de la part de quelqu’un me mettait en colère, m’humiliait même. Par crainte, parce qu’avec le recul je me rends compte que ce besoin de recevoir était une manière d’être certaine que mon intérêt soit réciproque avant de montrer un tant soit peu de vulnérabilité.
Les mixed signals faisaient partie intégrante de la manière dont j’exprimais mes émotions. Ils me permettaient de ne jamais avoir à trop assumer ce que je voulais et comment je me sentais, parce que ça renvoyait la responsabilité à l’autre personne d’essayer de me comprendre. C’était en effet beaucoup plus facile que de faire l’effort de reconnaître et exprimer clairement mes besoins, désirs et insécurités.
Il s’avère que la fameuse game était le fun à jouer jusqu’à ce que je commence à la perdre. Peut-être aussi qu’à force de jouer avec des tricheurs, j’ai fini par ne plus comprendre quelles étaient les règles. Il est là aussi le problème; de voir le tout comme une game, ça implique qu’il y a un perdant et un gagnant. Exprimer la volonté de bâtir quelque chose d’authentique avec quelqu’un, je voyais ça comme prendre le risque de perdre, m’effrayer et effrayer l’autre inutilement. Je voulais être la fille « pas compliquée », qui n’a jamais besoin de rien ni de personne. La vérité c’est que quand tu n’as besoin de personne, bien souvent, personne n’a besoin de toi non plus.
Je commence à réaliser que cette tant convoitée simplicité est overrated, les relations sont complexes parce qu’elles sont riches, intimes et significatives. J’apprends donc à ne plus créer de stratégies, à être cohérente entre mes valeurs, mes paroles et mes actions, à m’ouvrir, même au risque de me blesser. Ce n’est pas facile, j’ai encore l’orgueil dans le tapis, mais l’idée est là. Un sage m’a dit que de se montrer vulnérable est le vrai signe de courage, alors j’essaie d’être courageuse. Ça doit être ça la maturité émotionnelle.