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Quand on veut, on peut. Vraiment?
Crédit: Markus Spiske/unsplash

La crise qui sévit actuellement aux États-Unis est un dur coup de fouet aux idéaux de justice sociale. Et par crise, je ne veux pas parler, pour une fois, de la pandémie qui fait des ravages inégalés dans ce pays. Je fais plutôt référence aux émeutes qui éclatent en réaction à la mort tragique, injuste – le mot est faible – de George Floyd. Cet homme de 46 ans s’ajoute à une liste déjà trop longue d’Afro-Américains tués par les forces de l’ordre américaines sans raison valable.

 

Coup de fouet, donc, qui fait la lumière sur une réalité sombre que l’on se refuse trop souvent de voir. Celle de l’inégalité des chances. Car si l’adage « quand on veut, on peut » est certes un bel outil de motivation, force est d’admettre que nous ne naissons pas tous égaux, non seulement dans nos chances de succès, mais aussi dans le respect de notre droit fondamental à la vie. « I can’t breathe », a répété George Floyd au policier – aujourd’hui ex-policier accusé de meurtre au second degré – avant de mourir. Même son droit de respirer a été ignoré. 

Encore en 2020, la couleur de la peau est un facteur qui influence le sort d’un individu, au même titre que la classe économique, le sexe/genre, l’orientation sexuelle et la religion. Par exemple, l’enfant qui naît dans un milieu défavorisé n’aura pas les mêmes chances que son voisin bien nanti de poursuivre des études et sans diplôme, les possibilités de se sortir de la pauvreté seront minces. Dans certains pays, une petite fille aura moins de valeur qu’un garçon dès sa naissance et les homosexuels craignent encore pour leur vie. Aux États-Unis, au Canada et ailleurs, les personnes racisées vivent de la discrimination à l’emploi et de nombreuses microagressions racistes au quotidien.

Ainsi, nous devons admettre que nous ne sommes pas tous égaux devant l’application de la loi ni aux yeux de la société aveuglée par ses préjugés. Être noir, femme, pauvre ou faire partie de la communauté LGBTQ+, notamment, ajoute comme un boulet au pied des individus; à efforts égaux, ils rencontreront davantage d’embûches sur leur chemin et auront donc plus de difficulté en général à atteindre leurs objectifs que leurs homologues caucasiens. L’American dream, c’est bien beau, mais c’est aussi un rêve plus accessible pour un groupe bien sélect d’individus.

Même la pandémie fait des chouchous. Aux États-Unis, la communauté noire est la plus durement touchée par la COVID-19 et l’accès difficile aux soins de santé privés est la première cause de cette disparité.

 

Alors, non, il ne suffit pas de pouvoir pour pouvoir. Quand on veut, on ne peut pas toujours. George Floyd aurait bien voulu s’expliquer sur ce 20$ suspecté de contrefaçon. Mais il n’a pas pu. Un policier lui a littéralement enlevé la parole en lui enlevant la vie. Et n’oublions pas que plusieurs autres vies ont été ainsi fauchées dans le passé. Comme si le pigment de la peau était un crime. 

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