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« Ouin, mais… » : le déni arc-en-ciel des Québécois.es?
Crédit: Harald Arlander/Unsplash

Petit matin, café à la main. Les notes de Morning Coffee jouant en arrière-plan dans mon 3 et demi. J’ouvre mon ordi pour lire un texte de Patrick Lagacé qu’une amie m’a conseillé la veille. Et puis là, ça me rentre dedans. Assez que je me mets à pianoter fiévreusement sur mon clavier pour rédiger le texte que vous avez sous les mirettes. Patrick met le doigt sur un bobo tellement vrai, tangible, presque. Et ce bobo s’est accentué depuis la COVID-19. Pour nous caricaturer, nous, Québécois.es :

  • Ouin, mais de toute façon, ils sont vieux.
  • Ouin, mais ils avaient déjà une autre maladie.
  • Ouin, mais il y a des pays bien pires que nous.
  • Ouin, mais il y a des systèmes de santé pires que nous.

OUIN, MAIS; encore et encore. Pour justifier… tout. Pour justifier l’injustifiable.

Pour citer M. Lagacé : 

« Ce sont des Québécois, et ils sont morts avant leur temps. Leur famille a été privée de ces moments de grâce qui précèdent le décès, quand on peut dignement faire ses adieux. C’est une tragédie. C’est une tragédie québécoise. Le cr*** de minimum est de poser quelques questions, de laisser filtrer un peu d’indignation de temps en temps… »

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je me sens ordinaire de l’avoir pensé : ouin, mais la plupart sont vieux. Aujourd’hui, je me dis: vraiment? Donc, dans une société, c’est OK si les plus vieux ou les plus faibles, déjà malades, meurent plus rapidement? C’est comme prétendre et accepter que certaines vies valent plus que d’autres… Que dirions-nous si c’était de nos grands-parents dont il s’agissait?

Continuellement, on justifie, on minimise. Mais rarement on se bat. On ne se révolte pas. Comme si l’on avait déjà déclaré forfait. Comme si nous avions un.e amoureux.se problématique, avec ses travers majeurs, mais qu’on se disait, c’est pas grave, il y en a des pires. Je n’ai pas besoin qu’iel s’améliore, évolue, travaille sur ses lacunes. Cette façon de penser ne fait pas de sens dans la chambre à coucher, comme elle ne fait pas de sens en société.

Faut dire, c’est toujours plus simple de vivre dans un monde d’arcs-en-ciel. De binge watcher Too Hot To Handle sur Netflix. Soit. Mais la réalité est toute autre que le monde que nous nous créons parfois. Vaut-il mieux vivre heureux.se dans un monde faux ou réaliste dans un monde vrai? D’ailleurs, tiré d’un autre texte de M. Lagacé :

« À une préposée au 811 qui lui dit que les résultats de tests à Montréal, c’est 11 ou 12 jours d’attente, Katia répond que, non-non, la ministre a pourtant assuré les Québécois que, non, il fallait compter 24 à 48 heures… Réponse de la préposée au 811 : « Je regarde les mêmes conférences de presse que vous, madame, mais moi, je vous dis ce qui se passe dans la réalité. » »

Distorsion de la réalité? C’est ce qu’on se fait servir comme plat jour après jour par Monsieur le premier Ministre. C’est joli, mais ça sonne faux. Évidemment, je ne prétends pas que tout ce qui est dit est faux. J’appelle simplement à un peu plus de vigilance, de pensée critique, et surtout, qu’on cesse de se contenter de peu.   

Parce que les Québécois.es, on n’est pas souvent fâché.e.s. On est fatigué.e.s. On ne fait pas de vagues. On est faciles à vivre. On est positif.ve.s. On n’aime pas ça, la confrontation, comme dirait mon amoureux italien.

Ouin, mais à quel prix?

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