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Perdre un proche sans lui tenir la main
Crédit: Pexels

Depuis le 13 mars que j’ai envie d’écrire ceci et je me retiens. Je ne sais pas trop pourquoi? Par respect pour ceux qui vivent des deuils actuellement, peut-être. Il n’en reste pas moins que j’ai envie d’en parler aujourd’hui.

En janvier 2019, ma mère est tombée très malade. Elle a été hospitalisée pour une pneumonie. À son arrivée à l’hôpital, elle a tout de suite été branchée sur respirateur et sédatifs. Son état empirait, elle a fait un arrêt respiratoire, suivi d’un arrêt cardiaque une douzaine d’heures plus tard. Ses reins ont cessé de fonctionner et elle faisait de l’embolie, principalement au niveau des poumons. À un certain moment, elle a également dû être opérée, car elle avait du liquide dans le cerveau.

Elle est restée branchée sur respirateur pendant 6 semaines dans l’espoir que ses poumons reprennent du mieux et guérissent. À un certain point, elle a subi une trachéotomie afin de dégager son visage du respirateur et de l’aider à prendre du mieux. Ç’a été une de belles journées dans ces 6 semaines; c’était comme si je la retrouvais, après plusieurs semaines cachée derrière ce respirateur.

Chaque jour où je la visitais, je côtoyais toutes ces machines autour d’elle: le respirateur dont je comprenais de plus en plus le fonctionnement, les solutés de diverses formes composés principalement de sédatifs, le moniteur cardiaque, la machine pour faire la dialyse…

Pendant 6 semaines, nous avons alterné les présences à l’hôpital. De 9h00 à 18h00 environ, il y avait toujours quelqu’un à côté d’elle pour lui tenir la main. Parce que quand un proche est hospitalisé, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que d’être là pour lui et de lui tenir la main.

Par les temps qui courent, je pense beaucoup à ma mère. Je revis tous ces moments passés dans sa chambre d’hôpital et j’ai une grande pensée pour tous ceux qui vivent une situation similaire. Je n’aurais pas voulu que ma mère soit seule. J’avais 100% confiance en l’équipe qui s’occupait d’elle, ce sont des personnes extraordinaires et dévouées, mais il n’y a personne de mieux placé qu’un proche pour comprendre la personne sur le lit et la rassurer.

Ma mère ne pouvait pas parler lorsqu’elle était aux soins intensifs. La trachéo, ça bloque le passage de l’air, donc les sons ne sortent pas. Je me souviens d’un après-midi où elle était sous l’effet de moins de sédatifs qu’à l’habitude et où elle m’avait questionnée sur beaucoup de choses dans sa chambre, uniquement par son regard et ses gestes. J’avais pu tout expliquer à l’infirmière ce qu’elle me disait.

La dernière semaine a été la plus difficile. Ma mère a attrapé la grippe. Ses poumons, déjà faibles, n’arrivaient pas à lutter adéquatement. Pour entrer dans sa chambre, ça prenait des gants, une jaquette, un masque et une visière. Pendant ses dernières 24h, nous avons tous été en tout temps avec elle.

Le 1er mars 2019, ma mère est décédée. Elle a été hospitalisée pendant six semaines aux soins intensifs et vous comprenez que cette histoire me fait beaucoup penser aux situations actuelles, d’autant plus que les symptômes me font étrangement penser à ceux de la Covid-19.

Je ne peux pas m’imaginer l’avoir laissée partir toute seule. Toutes mes pensées sont avec ceux qui doivent le faire en ces temps difficiles.

 

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