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J’ai peur que la COVID-19 effrite nos droits au-delà du raisonnable
Crédit: Noelle Otto/Pexels

Ce matin, j’ai trouvé le réveil difficile. Je suis abonnée depuis quelque temps aux notifications des applications de La Presse et de Radio-Canada et deux nouvelles m’ont particulièrement rentré dedans. La première nouvelle relatait un sordide événement : un agent de sécurité a été happé par un automobiliste frustré de s’être fait forcer de respecter les mesures de distanciation sociale (de nouvelles informations ont été dévoilées dans l’histoire, mais reste que la violence démontrée d’un bord comme de l’autre est irréelle), tandis que la deuxième nouvelle faisait plutôt état de distribution d’amendes très salées de la part des policiers durant le week-end.

 

Ça m’a donné la peur au ventre. En sommes-nous vraiment rendus là? On se dénonce entre voisins, on s’agresse pour un rien… J’aimerais vous dire que l’agression arrivée à Sherbrooke est un incident isolé, mais ce n’est pas le cas. Depuis le début de cette crise, mes quelques sorties pour aller acheter des items essentiels se sont toujours soldées par l’observation d’au moins un comportement agressif ou au minimum, égoïste. La colère qui habite certaines personnes peut devenir dangereuse et je pense très fort à tous.tes les employés.es qui sont en première ligne et qui doivent faire face à des clients mécontents quotidiennement. Je suis abasourdie de voir qu’on peut en arriver là.

 

Un autre aspect qui me terrifie, c’est de voir nos libertés s’effriter de plus en plus. Ne vous méprenez pas sur mes propos, je suis entièrement pour les mesures de distanciation sociale et de confinement, même les plus serrées qui implique ne plus voir d’autres personnes que celles qui habitent à la même adresse que la nôtre. Mais je me demande sincèrement où la limite sera tracée en ce qui a trait aux pouvoirs donnés aux forces de l’ordre. Je pense justement à cette jeune femme qui recevra une amende de plus de 1500$ pour avoir reçu des souhaits de bonne fête de ses proches en voiture, à plus de deux mètres d’elle alors qu’elle-même se tenait sagement dans son cadre de porte. Suis-je la seule à trouver la réponse des policiers exagérée? Le premier ministre dit faire confiance entièrement au jugement des forces de l’ordre, mais pour ma part, j’ai une grande réticence face à ça. Mon traumatisme lié aux agissements policiers de 2012 y est sûrement pour quelque chose, mais j’ai une immense réserve quant au « bon jugement » des forces de l’ordre dans les situations reliées à la COVID-19.

 

Si les mesures de confinement perdurent longtemps et se resserrent davantage, j’ai peur des impacts que cela aura sur la confiance des citoyens envers leur prochain. On se fait demander de dénoncer, on se place presque à nos fenêtres pour s’espionner, on appelle à la première voiture supplémentaire dans le parking du voisin… Sommes-nous tranquillement en train de glisser dans une version IRL de l’univers orwellien de 1984?

 

À travers tout ça, j’ai surtout peur que les droits des personnes les plus vulnérables et des femmes s’effritent. Ces derniers jours, je pense souvent à cette célèbre citation de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Elle me semble plus vraie que jamais lorsque je songe au fait que certains États de notre pays voisin ont restreint l’accès à l’avortement sous prétexte qu’il ne s’agit pas d’un service essentiel, ou encore avec la brève peur que plusieurs femmes enceintes ont eue au cours du week-end alors que les autorités gouvernementales n’avaient pas encore statué sur le fait qu’elles pourraient ou non accoucher avec un accompagnateur.

 

Je ne sais pas trop où je veux en venir avec ce texte, à part le besoin de ventiler. Et de nous souhaiter un peu plus de douceur à travers tout ça.

 

Suis-je la seule à avoir peur des impacts de tout ça sur nos droits?

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