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Un homme m’a suivie dans le métro
Crédit: Unsplash

Attention, l’histoire qui suit pourrait vous choquer. Je ne l’ai malheureusement pas écrite pour ceux et celles qui aiment les histoires de calinours et d’amour, sachez-le. Vendredi soir, vers 22h15, je reviens d’une date ratée et j’ai une face d’enterrement. Je suis assise dans le métro. Un homme, visiblement très intoxiqué par l’alcool, s’assoit à mes côtés, un peu trop près. Mal à l’aise, je me lève. Je m’assois plusieurs mètres plus loin, entre un homme très costaud et la porte. L’homme me suit, entre grandement dans la bulle de mon nouveau voisin qui arrive bientôt à son arrêt et sort. L’homme change de place pour s’asseoir près de moi. Son insistance me dérange; je me lève et j’actionne le bouton d’urgence.

Lorsque l’homme s’en rend compte, il s’approche de moi. Pendant ce temps, l’opératrice me demandait si j’étais en mesure de me déplacer vers l’avant du train. Un inconnu a alors surgi de je-ne-sais-où et s’est placé entre moi et l’homme. L’homme a essayé de le pousser, mais l’inconnu a réussi à le jeter en dehors du train, assez violemment. L’opératrice s’est dépêchée à repartir.

Je vais bien; j’ai eu de bons réflexes et, surtout, de bons samaritains autour de moi. Sauf que cette histoire me fait réfléchir. J’ai toujours vanté la « sécurité » des rues de Montréal pour les femmes. Je me sens rarement en danger, peu importe l’heure, peu importe le lieu. Contrairement à beaucoup d’endroits où je suis allée, Montréal me rend sécure.

Et quand je parle de sécurité, je ne parle pas uniquement d’humains, mais aussi d’animaux. J’ai habité en Bolivie, là où les chiens pouvaient te courir après sur 8 coins de rue si tu avais le malheur de les croiser la nuit. J’ai habité à Vancouver, où le centre-ville est bourré de moufettes prêtes à te sauter dessus. Bref, la nuit, à Montréal, ça va.

Ça va, mais je reste une femme. Les mouffettes et les chiens ne font pas de distinctions, les humains, si! Avec des courbes de femme, un visage de femme, un air de femme. Et non, ce n’est pas parce que je suis maquillée et que j’ai mis du parfum pour ma date de la soirée qu’une personne a le droit de s’asseoir si près de moi qu’il me rend mal à l’aise. Et non, l’intoxication n’excuse rien.

Une question me revient toujours en tête quand j’y pense : « Qu’est-ce que cette personne faisait là? ». Et ça me ramène à une situation similaire vécue en juin 2016.

Il n’est pas tard, 20h00 ou 21h00 environ. J’attends le métro pour rentrer chez moi. Un itinérant entre dans ma bulle pour quêter. Je recule. J’ai une grosse bulle. L’itinérant se rend au bout du quai. Reviens. Dans ma bulle encore. Je recule encore. L’itinérant se met à m’insulter parce que je me suis reculée. À me menacer de me lancer sur le rail. Quatre personnes m’encerclent pour l’éloigner de moi. La seule question qui me vient en tête : « Qu’est-ce qu’il faisait là? »

Parce que si on veut que Montréal reste cet endroit où l’on se sent en sécurité, prendre le métro en compagnie de personnes visiblement dangereuses et menaçantes, ça ne devrait pas exister. Les gens devraient pouvoir patienter sur le quai du métro sans se faire menacer d’être jetés en bas. Les gens devraient pouvoir s’asseoir à côté d’inconnus dans le métro sans avoir peur de ce que ceux-ci peuvent leur faire.

Que je sois une femme, que je mesure 5pi3, que je sois blonde, que je sois maquillée, que je porte une robe, que j’aie l’air d’avoir de l’argent, que j’aie l’air d’avoir 20 ans; tout cela ne devrait avoir aucune importance.

De belles initiatives, comme le service entre deux arrêts, existent dans les bus. À quand des initiatives pour que les femmes puissent se sentir véritablement en sécurité dans le métro?

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