2019 est maintenant derrière nous et comme chaque nouveau début d’année, c’est l’occasion de faire une rétrospective. Évidemment, ici comme ailleurs, beaucoup de choses se sont passées. De belles choses, mais aussi (malheureusement trop) de moins belles.
Ce que j’ai décidé de retenir de l’année dernière pour cette chronique? La chose qui semble à prime à bord la plus banale qui soit. Un morceau de linge (je ne sais plus si maintenant je dois dire désuet ou trendy) qui a fait les manchettes à plusieurs reprises.
Je parle du fameux coton ouaté.
Il faut vraiment vivre en dessous d’une roche pour ne pas avoir entendu la fameuse toune du groupe Bleu Jeans Bleu. Si jamais c’est votre cas, vous pouvez l’écouter pour l’avoir vous aussi dans la tête. De rien.
Mais la chanson entraînante des musiciens québécois n’est pas la raison pour laquelle le coton ouaté a retenu mon attention en 2019. C’est plutôt qu’il a permis d’illustrer qu’encore de nos jours, plusieurs doubles standards existent dans notre société et que de nombreux gérants d’estrade pensent que c’est normal de dire aux femmes comment s’habiller (genre, PAS en coton ouaté apparemment).
Dans deux situations particulières, le coton ouaté est venu à l’avant-plan de l’actualité, au gala de l’ADISQ et à l’Assemblée nationale, deux endroits où un certain code vestimentaire est, selon certaines normes sociales, requis. Il faut dire que le coton ouaté a un historique de symbolique associé à la classe populaire, pour ne pas dire aux pauvres.
Deux poids, deux mesures, pendant que le rappeur Loud était célébré pour son audace d’avoir osé mettre un morceau de vêtement confortable à un gala, la députée Catherine Dorion recevait le venin de certains de ses collègues et d’une panoplie de commentateurs aigris pour avoir porté un vêtement de tous les jours à l’Assemblée nationale.
Vous me direz que ce sont deux lieux complètement différents? Dans ce cas, on pourrait rappeler que c’est pourtant au même gala de l’ADISQ que Safia Nolin avait été lapidé sur la place publique il n’y a pas si longtemps… pour s’être habillé confortablement. Vous savez, ce que Loud a fait cette année pendant qu’un groupe de gars qui chante les louanges du coton ouaté était nommé artiste de l’année. Il semblerait que ce qui est audacieux et sans grande conséquence pour un homme soit encore parfois inacceptable pour une femme.
Et que dire des menaces, insultes et commentaires désobligeants qu’a reçus Catherine Dorion à de nombreuses reprises en 2019, à cause… de son habillement?
J’ai suivi le parcours et les propos de Catherine Dorion de loin depuis mon implication politique avec Option Nationale en 2012. C’est une femme brillante, qui a à cœur le bien des gens de sa circonscription et du Québec en général. Progressiste et engagée, elle a de la suite dans les idées et en a beaucoup à dire. Qu’on soit en accord ou non avec ses positions politiques, mes propos sont applicables à toutes les femmes de tous les milieux; c’est déplorable que l’on s’attarde davantage à l’habillement d’une femme qu’à son implication, ses réalisations, ses propos et ses idées.
Surtout qu’ici, on ne parle pas d’arriver à l’Assemblée nationale déguisée en vampire ou sans vêtements, on parle de vêtements de tous les jours, qui sont portés par la population. Vous savez, les gens que les députés sont supposés représenter? Peut-être qu’il est temps de repenser le code vestimentaire de l’Assemblée nationale, qui sait. Peut-être qu’une plus grande partie de la population se sentirait ainsi plus proche de leurs députés? Je lance l’idée.
Pour 2020, j’aimerais qu’on réfléchisse à notre fâcheuse habitude de s’attarder davantage à ce que porte les femmes, à leur habillement, leur look, leur présence ou absence de maquillage plutôt que de s’intéresser à leurs propos et leurs idées. Je suis certain que nous sommes capables en tant que société d’avoir des discussions milles fois plus constructives que notre appréciation ou non du look de telle politicienne ou telle artiste.
Comme le dis Bleu Jeans Bleu, T’es-tu ben dans ton coton ouaté? Si la réponse est oui, le reste devrait importer peu, qu’on soit un homme, une femme, dans son salon, à l’ADISQ ou à l’Assemblée nationale.