« Tu es éducatrice, donc tu enseignes dans une école? », « En quelle année tu enseignes? », « Toi, tu es professeure. » … Ces phrases – parmi tant d’autres – sont celles que j’entends quotidiennement quand je rencontre de nouvelles personnes.
Je réalise que c’est une différence méconnue, au point d’en faire un texte (que j’enverrai le lien à toutes mes dates qui me posent la question, histoire de passer à autre chose). Globalement, ma réponse ressemble souvent à « Ben, une éducatrice éduque, une enseignante, enseigne! » Lire ici « Je n’ai pas envie d’entrer dans les détails. » Mais aujourd’hui, je vais le faire.
J’ai travaillé en CPE, en prématernelle et en milieu scolaire. Dans chacun de ces milieux, mon rôle était un tant soit peu différent. Là où celui-ci se rapprochait le plus de celui d’une enseignante, c’était en prématernelle.
Que ce soit en CPE ou en prématernelle, j’ai travaillé avec des enfants de 0-5 ans. On les accueille aux couches, ils n’ont pas encore acquis l’usage de la parole ni la capacité à socialiser. On prend chaque enfant là où il est dans son développement et on l’amène plus loin. Mon rôle est de stimuler les sphères de développement (habilité motrice, sociale et morale, langagière, affective et cognitive). Je propose donc des jeux, des routines et des situations de vie qui permettent de développer ces sphères. Je dis souvent à la blague que je travaille avec les enfants pour les empêcher de devenir les adultes que je n’aime pas. Au fond, c’est une blague vraie; car j’apprends aux enfants à attendre en file, à dire aux autres ce qui leur fait mal, à exprimer leurs émotions avec des mots et à respecter les normes sociales.
Mon rôle en milieu scolaire est sensiblement le même. Alors que les enseignants prennent les enfants là où je les ai menés dans leurs habilités et continuent de développer le cognitif, leur apprennent l’alphabet, les chiffres, les sons, les mots, à lire, écrire, compter… Je travaille, en dehors des heures de classe, à développer le côté social ainsi que toutes les habiletés que leurs éducateurs.trices de garderie/CPE ont aidé à développer. Un contexte de jeu libre est un excellent contexte pour aider l’enfant dans son autonomie. Je l’appuie dans sa recherche de solutions en cas de conflit, je le guide dans sa socialisation et dans ses idées et projets. Je propose des activités qui répondent aux idées de ces jeunes, à leurs projets… Nos rôles sont ici tous les deux fort importants et fort complémentaires. L’enfant reçoit différemment de chacun des deux partis et peut donc en tirer un grand profit.
Là où mon mandat s’est rapproché un peu de l’enseignement en prématernelle, c’est que notre programme pédagogique exigeait que nous « préparions les jeunes pour la maternelle ». Ainsi, nous apprenions les chiffres, les lettres et les sons dans un contexte structuré. Comme nous les avions tout de même 10h par jour, nous étions à la fois éducatrices et enseignantes.
Ainsi, la prochaine fois que quelqu’un de votre entourage vous parlera de l’éducatrice de son enfant en disant « enseignante », vous saurez quoi répondre.
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