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Cette rage qui m’habite et qui vient de loin
Crédit: Unsplash

Je ne sais pas si vous avez déjà expérimenté le sentiment de rage, mais aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de celle qui m’habite. Pour moi, la rage va au-delà, de la tristesse, de la colère, de la frustration ou de la déception. C’est un mélange de toutes ces émotions accumulées au fil du temps et de leur « délégitimisation ».

Je vous parle de cela parce qu’en ce moment, je suis en thérapie en raison d’un choc post-traumatique pour violence conjugale. Lors de mes séances, j’ai réalisé que cette relation violente n’était que la pointe de l’iceberg. En fait, mon expérience avec la violence remonte à beaucoup plus loin.

Ç’a commencé dès l’enfance avec de la communication violente. Jusqu’à l’utilisation de la violence physique quand la colère de leur quotidien était insurmontable avec les mots. Ça s’est poursuivi en dehors de la maison avec l’intimidation que j’ai vécue tout au long de mon primaire et mon secondaire. Et ça m’a menée à cette relation toxique qui m’a malheureusement enfermée encore un peu plus.

À chaque fois, je n’avais pas de « safe space » ou quelqu’un pour me dire que ces gestes et ces paroles étaient inacceptables. Que je n’avais pas à les accepter. Tout simplement parce que les personnes qui me les faisaient subir étaient censées être celles qui devaient m’en protéger. Ce sentiment de rage a grandi tranquillement, à force rester silencieuse pour ne pas les rendre inconfortables dans leurs actions, dans leurs mots.

L’impuissance s’est installée; à chaque sois belle et tais-toi, à chaque sourire forcé, à chaque masque enfilé, à chaque façade construite pour que ces personnes ne sentent pas que leurs actions étaient inacceptables. 

Maintenant, cette rage fait partie de moi et j’essaie tranquillement de l’adoucir. C’est difficile de parler de ce qui m’habite, parce qu’elle n’est pas tangible. Elle est invisible, mais elle sommeille au fond de moi et je ne sais pas quoi en faire tellement elle me dérange.

Avec ma thérapie je comprends que je dois y faire face, sans pudeur. Je dois affronter le malaise qui me ronge et arrêter l’évitement, qui serait tellement plus évident.

Je sais que le mot rage est intense. Il est, dans un certain sens, le reflet de mon impuissance. Je me dis souvent que j’aimerais être plus douce, j’aimerais être plus aimante, j’aimerais être différente, mais je ne sais pas comment vivre sans être distante, sans me refermer sur moi-même par peur des autres. Sans subir l’impuissance de mes émotions.

J’aimerais vivre plus légère, mais je dois réapprendre à créer des liens de confiance, avec les autres et avec moi-même. Un jour, j’espère ne plus me sentir étouffée par ces souvenirs et m’épanouir.

Si ce texte vous parle, je vous confirme que vous n’êtes pas seul.e.

J’ai compris que l’important, c’est d’aborder la situation avec un professionnel qui m’écoute sans jugement et qui ne cherche pas à prendre parti, mais seulement m’aider à mieux comprendre comment je me sens et à me donner les outils pour m’apprivoiser.

Un jour, je ne me sentirais plus impuissante, car je suis persuadée que ces émotions deviendront une force.

 

Si vous avez besoin de vous confier, contactez Écoute Entraide au 1 844 294-2130. C’est gratuit et confidentiel.

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