Mercredi dernier avait lieu la première médiatique du spectacle Enfant Roi, le tout premier one-woman-show de Rosalie Vaillancourt, mis en scène par Pierre-François Legendre.
Le spectacle débute avec une vidéo racontant sa venue au monde à la manière classique d’un conte de princesse, situé dans le merveilleux royaume de St-Hyacinthe. Suite à un sort jeté par une sorcière, la princesse Rosalie devra démontrer qu’elle est une bonne personne, sinon elle sera transformée en tas de marde. La vidéo, très comique d’ailleurs, donne le ton à la soirée qui a comme trame de fond l’idée même qu’on se fait d’une fille issue de la génération des « enfants rois ».
Son personnage de petite peste, qu’elle incarne avec brio, n’est pas seulement peste à cause de sa voix stridente et son air baveux; elle l’est surtout parce qu’elle joue avec les limites et les conventions de la féminité. En effet, en arborant sa longue chevelure blonde et ses vêtements féminins, tout en racontant des blagues de pénis et de tampons, elle offusquera certainement le boomer qui sommeille en chacun de nous. Personnellement, c’est cet aspect qui m’a fait apprécier le spectacle dans son entièreté.
Rosalie Vaillancourt ne plait cependant pas à tous; quoi de plus choquant qu’une femme qui a l’air d’un ange, mais qui manque d’humilité, qui fait son bébé lala et qui parle de menstruations sans détour poli? En effet, il semble être encore ardu de process ce genre de personnage dans un environnement social qui a de la difficulté à concevoir les femmes de manière multidimensionnelle. L’humoriste démontre très bien qu’une femme peut être à la fois féminine ET drôle, sexuelle ET intelligente, gentille ET caractérielle, parfois éloquente, d’autres fois immature (tout ça en même temps, oui oui).
C’est donc avec une vulgarité ironique et beaucoup de jeux de mots qu’elle aborde des sujets comme la sexualité, la famille, l’art, les différences, la morale et le sexisme, pour ne nommer que ceux-ci. Elle nous fait passer un bon moment, tout en nous faisant réfléchir au ridicule de certaines problématiques vécues par les femmes. Un bon exemple est le numéro dans lequel elle nous présente de réels screenshots de messages grotesques, parfois violents, que des hommes lui envoient par l’entremise des réseaux sociaux.
Finalement, jusqu’à ce qu’on n’entende plus la phrase « elle est drôle pour une fille », j’aborderai le sujet; les femmes sont comiques et on en veut encore. Elles sont peu à faire de l’absurde, probablement à cause de la difficulté de se bâtir une crédibilité face à une réticence toujours bien présente de la part du public et de l’industrie. Je me considère toutefois chanceuse de pouvoir être témoin de la présence grandissante et diversifiée des femmes humoristes. Rosalie Vaillancourt s’ajoute à celles-ci dans une brochette éclectique de talents féminins.
Pour toutes les tannantes qui se sont fait dire « on fera pas une princesse avec toi » par leurs parents lorsqu’elles manquaient de classe, je souhaite longue vie à la princesse Rosalie. Et comme dirait l’humoriste: bon spectacle, bande de laids!