Après l’entrevue de Martine Delvaux à Tout le monde en parle lors de l’épisode du 20 octobre dernier, on a beaucoup parlé des boys club.
Pour le rappel, dans son livre, Martine Delvaux décrit le boys club comme « cet univers clos réservé aux hommes [où] le pouvoir se relaie et se perpétue à la façon d’une chorégraphie mortifère. » Elle explique aussi que le boys club influence encore notre société: « Le boys club n’est pas une institution du passé. Il est bien vivant, tentaculaire: État, Église, armée, université, fraternités, firmes… et la liste s’allonge. »
On peut constater, cependant, que les mêmes dynamiques de pouvoir s’appliquent entre les personnes cisgenres, qui s’identifient entièrement et exclusivement au genre assigné à leur naissance, et les personnes trans.
Les cis clubs sont de lieux de pouvoir ou d’influence où les personnes cisgenres prennent la place des personnes trans et parlent en leur nom, selon leur perspective cisgenre. Dans les médias, par exemple, les enjeux trans sont abordés la très grande majorité par des personnes cisgenres selon leur propre point de vue. Les personnes trans sont généralement exclues de ces milieux en raison de multiples barrières. Je suis en ce moment, et depuis très récemment, l’une des très rares personnes trans à avoir une tribune dans un média pour parler des enjeux trans. Florence Ashley est la seule autre personne trans au Québec à avoir publié des chroniques sur les enjeux trans.
Les journalistes vont très souvent demander l’avis d’un expert sur ces questions. Ces experts sont très souvent cisgenres et leurs avis a souvent plus de crédibilité aux yeux de la société que l’expertise des personnes trans sur leurs propres vécus. Le milieu universitaire hésite aussi à embaucher des professeurs trans pour parler des enjeux trans. Alexandre Baril est le seul professeur d’université trans à Ottawa spécialisé sur les enjeux trans et il a dû attendre 5 ans avant d’être embauché.
On retrouve aussi des cis clubs dans les films et les séries télé où, très souvent, des rôles de personnes transgenres vont être donnés à des acteurs cisgenres et joués selon la perspective transgenre. Le film Laurence Anyways a été très critiqué par la communauté trans parce que le rôle du personnage trans a été donné à un acteur cisgenre. La série M’entends-tu a également été critiquée pour les mêmes raisons. Dans les deux cas, le fait de donner à un homme cisgenre un rôle d’une femme transgenre donne l’impression erronée que les femmes trans sont des hommes qui se déguisent.
On retrouve aussi des cis clubs en politique. À l’heure actuelle, il n’y a aucun(e) député(e) ouvertement trans élu(e) au Canada. Julie Lemieux est la seule mairesse ouvertement transgenre élue au Canada. Donc, ce que ça implique, c’est que des personnes présumées cisgenres prennent des décisions qui ont un impact déterminant sur la vie des personnes trans.
J’espère cependant qu’un jour, les choses vont changer et qu’une personne trans se fera élire comme députée.