Il y a exactement 90 ans, les femmes devenaient « des personnes » en vertu de la loi (en fait, seulement certaines femmes devenaient alors « des personnes » puisque pour les autochtones, il aura fallu une trentaine d’années de plus). Des PERSONNES. Vous rendez-vous compte?
Il y a moins de 100 ans (on va se le dire, c’est peu de temps dans l’histoire), nous n’étions pas considérées comme des êtres humaines à part entière. C’est sidérant, mais c’est ça.
C’est quoi ça, l’affaire « personne »?
Chez nous, le Mois de l’histoire des femmes est souligné en octobre afin de coïncider avec la Journée de l’affaire « personne » le 18 octobre. Qu’est-ce que c’est?
Le 18 octobre 1929, le plus haut tribunal d’appel du Canada déclarait que, dorénavant, les femmes étaient des humaines aux yeux de la loi. Avant ça, nous n’avions pas trop trop notre mot à dire sur la vie publique et politique.
Ce changement sociétal a été institué par cinq femmes albertaines ayant entamé une bataille juridique pour nos droits. Communément appelé les Célèbres cinq, le quintette demandait à ce que les femmes puissent siéger au Sénat, en plus de disposer de plusieurs droits civils au même titre que les hommes.
Cela dit, ça ne s’est pas fait en criant ciseau. En 1927, après plusieurs semaines de délibération, la Cour suprême a tranché que le mot « personne » excluait les femmes. Indignées, les Célèbres cinq ont continué à revendiquer nos droits jusqu’à ce qu’on leur donne raison en 1929.
Ça nous dit quoi sur notre histoire?
90 ans, c’est peu de temps dans l’histoire. Évidemment, bien des choses n’étaient pas encore acquises à ce moment non plus. Nous n’avions toujours pas le droit de vote ou le droit à l’avortement (NDLR: Ce droit n’est pas encore acquis. L’avortement est présentement décriminalisé au Canada, pas encore un droit.). Les agressions sexuelles à l’intérieur du mariage n’étaient pas reconnues comme un acte criminel et on ne pouvait toujours pas signer un bail, recevoir un héritage ou acheter une propriété. Mais un grand pas a été fait dans la bonne direction.
Et aujourd’hui?
Ça me fait à la fois réaliser que je suis fière d’être une femme canadienne, mais aussi que la lutte n’est crissement pas finie. On n’a qu’à penser à la violence et aux agressions commises envers nous, à l’équité salariale théorique, au partage des tâches approximatif ou à la discrimination envers les femmes transgenres, de couleur et autochtones.
Être une femme, c’est se battre à tous les jours avec nos mots, nos convictions, notre persévérance et notre humanité.
Être une femme, c’est se battre à tous les jours pour nos petites et grandes révolutions, sans goutte de sang aucune depuis plus de 100 ans.
#GrâceÀElle