J’accorde une grande importance à ma vie sociale, mais pourtant, je me sens souvent à côté de la plaque.
La raison: J’ai souvent l’impression de mettre des efforts pour des choses qui pourtant, devraient « venir toutes seules » dans mes interactions.
C’est comme si je devais performer quelque chose en tout temps. Je tente de surveiller mes mots, mes paroles, ma posture et même ma façon de montrer mes émotions. J’ai commencé à avoir ce type comportements assez tôt. Vers l’adolescence, à la suite d’épisodes d’isolement, je me souviens que j’ai commencé à me pratiquer à parler devant le miroir, un peu comme si je répétais une pièce de théâtre. Après en avoir parlé avec une psychologue, elle m’a dit que je vivais probablement avec une phobie sociale.
En tant que personne neurodivergente, je peux vous dire que beaucoup de choses qui sont innées pour une majorité de personnes ne le sont pas nécessairement pour absolument tout le monde. De mon côté, le social comporte plusieurs choses que je n’ai jamais vraiment acquises sur le tas, mais plutôt à la suite d’objectifs et de défis que j’ai voulu relever avec acharnement (sûrement le sujet d’un autre article).
Avec le temps, j’ai fini par avoir certains bons réflexes dans ma manière de m’exprimer, mais il arrive encore que certaines personnes trouvent que mes paroles sont forcées et manquent de naturel, comme si on pouvait entrevoir le texte défiler dans ma tête pendant que je tente de l’ajuster tant bien que mal au moment présent.
À la longue, c’est énergivore au maximum. Mais le pire, c’est que cette hypervigilence toujours d’actualité affecte mes amitiés. Beaucoup trop souvent à mon goût.
Bien sûr, avec certaines personnes, je ressens moins ce besoin de performer socialement. Les choses se font plus naturellement, mais je reste une personne assez introvertie, qui ne ressent pas vraiment le besoin d’être entourée en tout temps. Il m’arrive de retrouver certaines difficultés, probablement faute d’une expérience solide dans ce genre de choses.
J’aime mes ami.es et c’est sincère, mais il m’est souvent arrivé de penser que je les aimais de loin. Je peux ne pas les voir pendant plusieurs semaines et ne pas sentir la solitude peser sur mon moral. Cela n’empêche pas que je peux penser à eux et m’ennuyer de leur présence, mais je n’ai pas toujours le réflexe de les inviter chez moi ou de leur proposer une activité. Je sais très bien que je devrais le faire plus souvent que de coutume. J’essaie d’expliquer mon fonctionnement quand il le faut, mais cela dit, je comprends que ce n’est pas tout le monde qui se sent à l’aise avec ce genre de dynamique. J’ai même fini par penser qu’en fin de compte j’étais une simplement une personne solitaire et que je n’étais pas vraiment faite pour l’amitié.
De plus, je manque beaucoup d’assurance dans certaines situations de conflit. En particulier, lorsqu’une personne de mon entourage fait un comportement qui me déplaît et que je dois agir dans l’immédiat. La confrontation me rend très anxieuse et en fin de compte je finis plus souvent par ne rien dire et prendre mes distances plutôt que d’en parler dans l’immédiat. Le dark side autocritique en moi trouve tout plein de raisons:
« Je ne veux pas gâcher la journée ».
« Après tout, je ne devrais pas être dérangée ».
« L’autre personne n’a fait rien de mal, c’est moi qui exagère ».
« Je n’ai pas le droit d’être en colère ».
Je ne suis pas surprise au final d’en ressentir de la frustration et de voir la relation s’effriter, pour finalement me sentir comme un visage à deux faces.
J’espère réellement acquérir de la confiance en ce genre de circonstances plus difficiles, car c’est un peu inévitable. La plupart des amitiés profondes passent par là et … à peu près n’importe quelle relation à long terme en fait (y compris les relations de travail mais ça, on s’en reparle).
Je dois trouver un équilibre là-dedans pour me rendre la vie plus simple et surtout apprendre à communiquer sans craindre le jugement ou le rejet. Je sais que j’ai de la job à faire sur ce point.
Mais le plus important: je dois tout de même me respecter. Faire des efforts: oui. M’épuiser à la tâche: non.
Pis honnêtement, c’est ben correct que je ne ressente pas le besoin de socialiser à tout prix.