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La criminalisation de l’avortement sera un enjeu aux prochaines élections fédérales
Crédit: NeONBRAND/ Unsplash

Dans le Devoir ce matin, j’ai lu une lettre signée par un ancien député du NPD, Raymond Côté, et disons que ça n’a pas aidé à mon angoisse actuelle devant le futur résultat des élections fédérales de cet automne.

J’ai peur. Je ne vous le cacherai pas. J’ai peur que le peu de protection qu’on a en tant que personnes qui peuvent tomber enceintes nous soit enlevé, ou à tout le moins, qu’il soit remis en question. On n’est pas safe au Canada, loin de là… L’avortement n’est pas un droit, il est seulement décriminalisé et ÇA, ça peut être remis en question n’importe quand.

 

Je vais vous résumer un peu ce qu’avance l’ancien député du NPD et pourquoi ça m’effraie.

En 2012, le député conservateur, Stephen Woodworth, demande un vote à la Chambre des communes pour criminaliser l’avortement en exigeant que le fœtus obtienne un statut d’être humain. En ce moment, selon le Code criminel en vigueur au Canada (source ici), l’enfant à naître obtient le statut de personnalité juridique à la naissance, c’est-à-dire « lorsqu’il est complètement sorti vivant du sein de sa mère ». De remettre le moment d’obtention de ce statut en cause, c’est d’ouvrir la porte à la criminalisation de l’avortement et même… des fausses couches.

Lors du vote de 2012, 91 députés (dont 4 libéraux) ont voté pour le changement du statut du fœtus (donc, pour la criminalisation de l’avortement); 203 députés s’y sont opposés. Il manquait, à l’époque, 57 voix seulement pour rendre possible la criminalisation de l’avortement.

57 voix.

Aujourd’hui, le député qui a présenté le vote (Stephen Woodworth) se présente à nouveau pour les conservateurs, tout en ayant fondé une organisation qui milite fortement contre l’avortement. Son groupe est un des plus influents dans le mouvement anti-choix au Canada et cela est d’autant plus effrayant qu’on a récemment su, via Radio-Canada, qu’une autre organisation anti-avortement, RightNow, a fourni des bénévoles à une cinquantaine de circonscriptions où le vote est serré et où les députés conservateurs ont des allégeances bien connues contre l’avortement.

Aussi, l’affaire qui complique encore plus les choses, c’est qu’en 2019, il y a 30 députés de plus qu’en 2012 à la Chambre des communes. Sur ces 30 députés, 27 ont été ajoutés en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. En 2012, sur les 91 votes pour la criminalisation, 83 venaient de l’Ontario, de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Manitoba et de la Saskatchewan.

 

J’essaie de ne pas être alarmiste, mais je ne peux m’empêcher de faire un lien entre les 57 voix qui manquaient en 2012 pour criminaliser l’avortement et les 27 nouvelles voix qui proviennent de l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique; des provinces qui font partie de celles d’où provenaient, en 2012, les 83 votes sur 91 en faveur de la criminalisation de l’avortement.

C’est sûr qu’il n’y a rien qui dit que ces 27 nouvelles voix seront, suite aux prochaines élections, des élus conservateurs ou que ceux-ci seront contre l’avortement, mais c’est quand même une possibilité.

C’est pour ça qu’il faut aller voter. On ne peut pas la laisser passer, cette élection-là.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai une grosse boule qui se forme dans ma gorge quand je pense à tout ça et à l’issue très proche des prochaines élections fédérales. On ne peut plus passer sous silence le fait qu’il y a un mouvement anti-choix qui grossit et prend de plus en plus d’ampleur au Canada.

On a un mot à dire là-dedans. On doit aller voter, le 21 octobre 2019.

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