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Ma vie de prof: Ma rentrée scolaire… Ce que je ne dis pas!
Crédit: Deleece Cook/ Unsplash

C’est ma 12e rentrée scolaire en tant que professionnelle de l’éducation. J’enseigne au primaire et j’ai toujours adoré mon travail. Je suis passionnée de projets, dévouée pour mes petits cocos et j’ai toujours eu beaucoup d’énergie à donner à ma carrière!

Au cours des années précédentes, je ne comptais pas mes heures et même que dans mon congé d’été, je me faisais souvent la remarque que j’avais hâte de recommencer, car j’avais déjà songé à une panoplie de projets et d’activités à faire avec mes beaux petits élèves.

Sauf que cette année…je parle à l’imparfait.

J’ai le cœur brisé de parler de ma passion enseignante à l’imparfait. Ça fait bientôt un mois que je me remets en question de toutes les façons possibles, en me disant que mon sentiment négatif va passer et que tout va revenir comme avant.

J’angoisse, j’ai peur, je suis épuisée, je me sens seule face à tout ce que je vis.

 

Mon début d’année ressemble à des paroles violentes comme:

  • « Va chier la conne »
  • « Je vais te tuer avec mes fusils »
  • « Je vais te faire une plainte; t’as pas le droit de me demander d’arrêter de bavarder »
  • « Criss de folle, va t’en »

 

Et des comportements tout aussi violents:

  • On m’a lancé des chaises…
  • On m’a piqué avec des crayons aiguisés…
  • On m’a donné des coups de pied…
  • On ‘a menacé avec des ciseaux…
  • On m’a griffé…
  • On m’a tiré les cheveux…

 

Avec une direction d’école qui n’offre pas le soutien nécessaire. On me dit :

  • « Nous avons besoin de plus de traces dans un dossier pour intervenir. » Mais des traces, il y en a. Beaucoup. Je le sais. Mes collègues et moi faisons un suivi serré de tous les comportements problématiques et nous les documentons. Chaque. Fois.
  • « Tu dois gérer les crises du mieux que tu peux en essayant tout ce que tu peux essayer et mettre en place tout ce qui est possible pour les enfants en difficulté de comportement. » Comme si mes collègues et moi ne le faisions pas déjà.
  • « Tu dois communiquer avec les parents tous les jours. » Oui, et après?

 

Je me questionne :

  • Combien d’épaisseur le dossier doit avoir pour qu’on m’envoie de l’aide?
  • Après avoir tout mis en place de ce qui était dans la limite du possible et que ça continue…Est-ce qu’on pourrait m’envoyer des ressources?
  • Après 5 rapports d’accident de la CSST… Ça prend quoi?

 

Je sors de l’école tous les soirs à 18h quand je suis entrée à 7h le matin… Je dois essayer d’enseigner dans un climat impossible. Je dois consoler, écouter et soigner 24 enfants qui ont peur d’être dans cette classe. Je dois expliquer à tous les parents qui m’appellent que nous faisons notre possible pour instaurer un climat d’apprentissage sain et SÉCURITAIRE.

Je crie à l’aide tous les jours. J’informe mes supérieurs tous les jours. J’informe mon syndicat. Rien ne bouge…

Je ne peux surtout pas appeler la police ou l’ambulance, car il faut conserver l’image de l’école… Ce ne sont pas mes mots, mais bien ceux de la direction.

Je comprends maintenant comment un.e enseignant.e en arrive à un arrêt de travail pour épuisement. J’ai peur que ça m’arrive. Je ne veux pas que ça m’arrive.

Je gère des crises du matin au soir. Ma profession c’est enseigner et pourtant, c’est TOUT sauf ça depuis un mois… Je ne peux pas enseigner et personne ne peut apprendre. On me dit d’accumuler dans un dossier… En attendant quoi?

Aujourd’hui, j’aimerais changer de profession… Je viens de frapper un mur, je crois!

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