Julianne Moore s’est dite favorable aux quotas afin d’assurer l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’industrie cinématographique, dans le cadre du Festival de Cannes de mai dernier. (La Presse, source) En effet, malgré les mouvements de mobilisation dénonçant les injustices présentes dans ce domaine, un énorme travail reste faire, et il faut agir.
Pour les 100 films ayant rapporté le plus à Hollywood en 2018, 4% étaient réalisés par des femmes, 15% étaient écrits par des femmes et 18% étaient produits par des femmes. (Women and Hollywood, source) C’est bien trop peu, et bien loin de la parité.
De plus, il est important de mentionner qu’il est primordial d’inclure TOUTES les femmes dans les films, alors que ces mêmes 100 longs-métrages sont encore loin d’être inclusifs. 65% de leurs personnages féminins sont dits « blancs », 21% dits « noirs », 10% d’origine asiatique, 5% originaire d’Amérique latine et 1% d’une autre origine ethnique. (Women and Hollywood, source)
Cependant, cette situation alarmante ne se produit pas uniquement chez nos voisins du sud. Un récent reportage paru dans La Presse, basé sur le test de Bechdel, a démontré que les femmes sont sous-représentées dans 40% des 20 films finalistes pour le prix du meilleur film au Gala Québec Cinéma. Afin de « passer » ce test, « le film doit présenter au moins une scène où deux femmes, dont nous connaissons le prénom ou le nom de famille, parlent ensemble, et leur discussion ne doit avoir aucun rapport avec un homme. » (La Presse, source)
« Elle m’étourdit, avec tous ces chiffres! », je vous entends déjà vous exclamer. Je croyais toutefois primordial de vous présenter la situation actuelle de façon cartésienne. Puisque, bien souvent, nous avons besoin de chiffres concrets pour nous démontrer la brutalité des inégalités de notre société, et nous inciter à intervenir.
En effet, le mot « quota » fait peur à plusieurs et est bien loin d’être glamour. Mais ça marche. Comme mentionné précédemment, des fois, c’est plate, mais il faut se doter d’objectifs clairs et précis pour avancer et vraiment changer les choses. On évite les zones d’ombre.
Prenons exemple sur l’ONF, qui s’est fixé comme objectif en 2016 d’atteindre la parité avant 2019 au sein de la réalisation de ses productions. Pour l’année 2017-2018, l’organisation a réussi son pari : « 47 % des productions ont été tournées par des femmes, 38 % par des hommes et 15 % par des équipes mixtes ». (Le Devoir, source)
Le directeur de l’ONF, Claude Joli-Cœur, a également mentionné que certaines personnes croyaient que cette mesure allait mettre en péril la « qualité » des productions cinématographiques. Cela est loin de la réalité, comme 60% des prix remportés par l’ONF de l’année 2017-2018 ont été décrochés par des femmes. (Le Devoir, source) Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres que des femmes dotées d'immenses talents, il y en a plein. Il suffit de leur laisser l’espace nécessaire pour s’exprimer.
Bref, il est possible de mettre sur pied des quotas, ou des incitatifs financiers (comme l’a fait la France) afin d’assurer une place juste aux femmes dans le domaine du cinéma. Depuis 2016, la Suède a d’ailleurs atteint la parité dans le financement de ses films. (UNESCO, source) Pourquoi le Québec ne serait-il pas en mesure de changer ses pratiques pour atteindre cet objectif?
Les films sont des éléments primordiaux de notre culture, qui nous rassemblent et qui, d’une certaine façon, reflètent les façons de faire de notre société. C’est pourquoi nous nous devons d’atteindre la parité dans ce domaine. Cela démontrerait (enfin) un changement dans les mentalités et dans le fonctionnement de tous nos secteurs d’emplois.
Les femmes sont remplies de talent, et portent un regard différent sur notre monde. Mettre en place des mesures afin de leur donner une chance aussi grande d’exercer leur créativité, au même titre que les hommes, devrait constituer un droit de base. Comme Julianne Moore l’a affirmé, les quotas ne sont qu’une des multiples options qui nous permettront de progresser vers un cinéma juste et novateur.