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Mon amie, toi qui sais, j’ai besoin de ton aide
Crédit: Unsplash

Je te l'ai confié un jour, soit pour illustrer la terrible statistique sur les agressions sexuelles, soit pour justifier mes trop nombreux jours gris. Je t'ai choisi toi car je te fais confiance et mon fardeau est trop lourd à porter. J'ai évalué les conséquences, si tu étais capable de le prendre et j'ai décidé d'ouvrir mon cœur.

Et puis après cette discussion on est passées à autre chose. Le chapitre a été clos.

Mais ce bout de mon histoire, je ne peux pas le remettre dans ma bibliothèque et l'oublier sous une couche de poussière. Tu sais, ce que je t'ai dit ce jour-ci, c'était aussi un appel à l'aide. Je voulais que tu saches que dans ma belle maison avec mon gentil mari, je souffre. 

Je souffre d'un mal pervers qui me donne une claque tous les matins au réveil. Je souffre d'une voix qui me dit que je ne suis jamais assez. Je souffre d'images qui me hantent la nuit avec leur précision déroutante. Je souffre d'un perfectionnisme malsain qui me tyrannise en me faisant croire que je dois faire plus pour ne pas qu'on remarque que je suis abîmée.

Comme tout le monde, mon Instagram est magnifique. Sauf que moi tu sais, je suis pognée à 15 ans sur mon parking sordide. Et aujourd'hui, je ne m'en sors pas. Et toi, tu ne m'aides pas.

Depuis que tu le sais, tu ne m'as jamais rien demandé. Tu ne m'as rien dit le jour où je suis arrivée les yeux bouffis à ton anniversaire après ma première rencontre dans un CALACS, tu ne m'as rien dit le jour où je t'ai dit que j'en pouvais plus, tu m'as rien dit quand j'ai pas donné de nouvelles pendant des semaines. T'as oublié avec le temps que je portais ça.

Je ne t'en veux pas, je sais que ça paraît compliqué et que tu as un horaire de ministre. Mais je veux que tu saches ce que j'aurais tant besoin de toi : je voudrais que tu me demandes comment je vais, pour de vrai de temps en temps.

C'est tout.

On est des millions de femmes à souffrir de ça. Tu peux faire une différence pour l'une d'entre elle : moi.
 

 
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