J’ai mis les affiches sur les stéréotypes sexuels d’Elise Gravel dans ma classe et voici ce qui est arrivé
Marie-Pier TremblayEn tant qu’enseignante en art dramatique, j’ai la chance de pouvoir enseigner autant au primaire qu’au secondaire. Les défis et les projets sont bien différents, et j’aime les possibilités que cela amène. J’ai commencé mon année scolaire en enseignant au secondaire et, depuis janvier, je suis au primaire #RéalitéDesPrécaires.
Le temps que j’étais au secondaire, j’avais oublié quelques réalités du primaire. Je pense, entre autres, aux nombreux commentaires du genre « les gars sont comme ça et les filles comme ça » (commentaires qu'il est aussi possible d’entendre dans une école secondaire, je ne dis pas le contraire). Évidemment, je ne laisse jamais une phrase du genre passer sous silence et je remets les pendules à l’heure.
Quand j’ai vu qu’Elise Gravel avait créé deux affiches sur les stéréotypes sexuels (une pour les filles et une autre pour les garçons), je les ai tout de suite fait imprimer pour les afficher dans mon local.
J’enseigne à tous les niveaux, et dans mon cas, ce sont majoritairement les élèves de 3e et 4e année qui ont été intrigués par les affiches et qui sont venus les lire en détail. En faisant mine de rien, j’écoutais leurs réactions.
Un groupe de jeunes filles rigolaient en lisant l’affiche sur ce que les filles peuvent être en s’identifiant à l’une ou l’autre des caractéristiques. Une d’entre elles disait « ça, c’est moi, je suis drôle », et une autre « moi je suis meneuse, j’aime ça décider ».
J’ai aussi eu la chance d’avoir une belle conversation une fois après l’école avec un garçon de 4e année qui lisait attentivement les affiches. Lorsqu’il eut terminé, je lui ai demandé si c’était vrai ce qui était écrit. Il m’a répondu : « Ben je pense qu’ils se sont trompés, c’est plus l’inverse ». J’ai donc pris le temps de lui expliquer que chaque personne pouvait avoir toutes sortes de caractéristiques différentes et que le genre n’y changeait rien. Il m’écoutait attentivement, mais l’air confus. Je lui ai dit : « Par exemple, c’est vrai qu’un garçon peut pleurer s'il a de la peine ou s’il a mal » et l’élève de me répondre « ah oui!? » Un vrai « ah oui », un « ah oui » qui me croyait, mais qui était, somme toute, surpris de cette affirmation.
C’est alors que je me suis dit, encore une fois, que les enfants étaient vraiment cool et prêts à écouter et à apprendre, à modifier leur pensée, à remettre en question, etc. (bien plus facilement que certain.e.s adultes, haha).
Je ne pense pas avoir changé le monde en collant ces affiches dans ma classe, mais j’ai peut-être ouvert une porte à la réflexion dans la tête de quelques enfants. Je pense que les petits gestes font la différence et ça me fait du bien d’y croire.