« Faudrait que tu fasses des sit-ups comme maman pour perdre ÇA pendant que tu grandis! »
Ce sont les mots qu’une mère, à la shape de prof d’aérobie, a choisi de dire à sa pré-ado de 11-12 ans, dans la cabine d’essayage du rayon de la lingerie chez Simons. Elles magasinaient pour les premiers soutiens-gorges de la jeune fille. J’étais dans la cabine à côté. Choquée. Horrifiée. Surtout, tellement peinée pour la jeune fille qui se faisait fat-shamer par SA MÈRE dans un moment d’intimité et de vulnérabilité.
Je n’ai rien dit. J’ai lancé un regard noir à la mère en sortant. Le regard penaud de la jeune fille m’a fait de la peine. J’aurais dû parler. J’aurais dû dire à la mère que ça ne se fait pas de parler comme ça. Surtout, j’aurais dû dire à sa fille à quel point sa mère est dans le champ et que c’est tellement wrong qu’elle lui parle comme ça.
J’aurais dû lui dire qu’elle est belle comme un cœur. Qu’en plus, je trouvais qu’elle s’exprimait bien. Que ça paraissait qu’elle était allumée et intelligente.
J’aurais dû lui dire que souvent, les parents transposent leurs propres complexes sur leurs enfants. Que ce sont LEURS problèmes, pas ceux des enfants. Et qu’elle, elle est parfaite comme elle est. Qu’elle est en pleine croissance, que son corps change, mais qu’un corps, ce n’est jamais fini, ça se transforme toute une vie. Et que peu importe de quoi il a l’air, l’important c’est de s’aimer à l’intérieur et à l’extérieur et de prendre soin de soi. Pas avec des sit-ups, si elle n’aime pas faire des sit-ups. Mais en faisant ce qu’elle aime et ce qui la fait se sentir bien. Ça peut être le sport, ça peut être dessiner, lire, prendre l'air, ça peut être passer du temps avec ses ami.e.s.
Mais de grâce, qu’elle chasse tout de suite de ses pensées qu’elle doive faire « des sits-ups comme maman » pour être belle et pour avoir de la valeur aux yeux des gens.
Et aux yeux de sa mère.