J’en ai pas tant parlé ici, mais le fait est que je consomme trop beaucoup de télé-réalité. Keeping up with the Kardashians, The Bachelor, America’s next top model, L’amour est dans le pré, you name it, y’a des bonnes chances que je puisse en discourir longtemps avec vous.
Je dois avouer que j’ai toujours eu un faible particulier pour Project Runway. À chaque saison, cette télé-réalité américaine met de l’avant un groupe de designers de la relève qui s’affrontent à coups de ciseaux et de machine à coudre au fil de défis créatifs hebdomadaires lancés par Heidi Klum et supervisés par Tim Gunn. Je ne me tanne jamais de voir les merveilles que ces visionnaires de la mode arrivent à réaliser dans des conditions éprouvantes.
Cette année, j’étais quand même excitée par l’annonce que des mannequins de taille 0 à 22 feraient partie du casting permanent de la saison pour mettre en valeur les créations des designers sur la passerelle. C’est en effet une première pour cette télé-réalité. Règle générale, il y avait seulement un défi par saison impliquant des femmes aux corps plus diversifiés pis ça avait doooooont l’air difficile pour les participants de gérer à chaque fois!
Crédit : Giphy
J’ai visionné deux épisodes depuis le début de la nouvelle saison pour me faire une idée. Dans le casting original, j’ai compté 5 modèles taille plus (sur un total de 16 mannequins au total pour vous donner une idée). J'ai été vraiment déçue de constater que les deux premiers modèles éliminés de la compétition faisaient partie de ce nombre. Cette décision me fait d'autant plus sourciller que ces mannequins n'étaient pas jumelées aux designers perdants. Le système d'élimination parait malheureusement peu arbitraire, à moins qu'il n'y ait une logique dont la subtilité m'a échappé, ayant manqué le premier épisode.
Crédit : projectrunway/Instagram
Le fait que les mannequins taille plus partagent pas mal toutes la même silhouette hourglass standard est un autre point décevant même si prévisible. Nous avons droit à un peu plus de diversité au niveau des tailles oui, mais la représentation des corps demeure limitée à plusieurs égards. Bref, j'espère que cette incursion timide dans le design et le modelling taille plus continuera d'évoluer dans les futures saisons pour devenir encore plus inclusive.
Cela dit, il y a tout de même des bons coups qui valent la peine d’être soulignés. Je craignais que l’accent soit mis sur la perception négative et la réticence des designers face aux modèles taille plus (à noter que celles-ci sont pré-assignées et non choisies par les participants). Pour me donner raison, le struggle d’une participante avec les proportions de son mannequin est rapidement devenu le point focal d’un épisode. Heureusement, la juge invitée Maggie Q a remis les pendules à l'heure lors du défilé final en faisant remarquer à la designer en question qu’elle aurait de la difficulté à s’imposer sur le marché actuel si les « courbes » de son modèle s’étaient avérées un si grand défi. Sous-texte : get real, no more excuses.
Pour le reste, il semble que la plupart des participants montrent de l’ouverture face à la nouvelle direction de la production (en tout cas, so far) sans en faire de cas particulier. Je trouve ça vraiment intéressant de voir ce que chaque modèle inspire aux designers. Leurs créations prouvent que la mode peut être excitante et novatrice peu importe la taille de celleux qui la porte. J’espère que cette tendance se maintiendra pendant la saison, plutôt que la capitalisation et l'exploitation du drama encourageant une marginalisation accrue des corps.
Crédit : nickygogirl/Instagram
Pour terminer, même si je m’éloigne un peu de mon sujet de départ, j’aimerais accorder une mention spéciale à la diversité culturelle qui règne parmi les designers sélectionnés. Des créations d'influence japonaise, porto ricaine et africaine ont déjà défilé sur la passerelle et c’est inspirant! De plus, une des frontrunners se spécialisant dans le modest wear chamboule les préjugés avec ses designs puissants et uniques.
Sur ce, auf wiedersen comme dirait Heidi!