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Flash-back d’adolescence : une histoire de brassière
Crédit: jackmac34/Pixabay

La semaine dernière, ma petite sœur m’a demandé de venir avec elle profiter des innombrables soldes de sous-vêtements qui font présentement rage au centre d’achat le plus proche de chez nous. J’ai accepté, parce qu’après tout, il n’y a rien comme une montagne de nouvelles culottes pour vous aider à vous départir de tes vieilles bobettes usées jusqu’à la corde.

Nous avons parcouru plusieurs boutiques appartenant à de grandes chaînes. Nous n’habitons pas à 100 000 lieux de Montréal, mais pour un magasinage du mardi soir de sous-vêtements de tous les jours, ça ferait amplement l’affaire.

Rendues à notre troisième établissement, ma sœur m'a fait remarquer la jeune fille qui, le sourire crispé et les yeux pleins de détresse, tentait de trouver chaussure à son pied dans ce monde de dentelles et de paillettes. En fait, cette demoiselle s'était aussi retrouvée dans tous les autres magasins que nous avions visités plus tôt, accompagnée d’une dame qui, nous pensons, était sa mère. Elle semblait être à la recherche d’un premier modèle de brassière à apprivoiser.

Sa quête n’avait pas l’air évidente ni confortable. En la voyant, ma sœur et moi évoquions nos premiers soutiens-gorge achetés chez Walmart à une époque où nous avions encore espoir que nos seins poussent. À 25 ans, je ne me fais plus d’idées, et je suis plus clémente envers moi-même lorsque rien ne me fait bien…

Après avoir ri un peu de nos premiers balbutiements dans ce monde, je fus frappée de voir que la plupart des chaînes américaines du centre d’achat offraient presque toutes les mêmes produits. Plusieurs offraient aussi des images de femmes minces et sexy, affichant fièrement leur côté « femme libérée ».

Je me suis mise à la place de la jeune cliente et je me suis sentie mal. Je me suis souvenue qu’à l’époque pas si lointaine où j’avais son âge, j’aurais tellement voulu que ma mère m’amène dans ces magasins que toutes les autres filles fréquentaient. Moi qui, à l’adolescence, aurais tout donné pour une taille de bonnet de plus, je ne me serais sûrement pas sentie à ma place dans des commerces avec des images aussi frappantes. À mon âge, je n’ai plus de gêne à magasiner les plus petites tailles et à me trouver désirable même si je ne ressemble pas à la blonde sulfureuse qui veut me vendre une deuxième brassière à moitié prix.

Je n’ai pas de mal à concevoir que des magasins de sous-vêtements affichent fièrement leurs dessous affriolants. Ce qui me fait me poser des questions, c'est l'ardeur et l’omniprésence de la sexualité présentée dans une seule et unique forme. Je me demande où est la place de jeunes filles dans cet univers rose bonbon.

Les vendeuses sont si gentilles, mais l’affichage dans leurs boutiques est si intimidant. Où est la diversité? Où sont les modèles de sexualité non traditionnelle? J’ai l’impression que nous devons toutes rentrer dans ce modèle taille unique, comme à l’époque de mes petites brassières non ajustables. Je me suis trouvée un peu fâchée qu’il n’y ait pas de juste milieu entre la jeune fille exemplaire et virginale et la femme en plein contrôle de son sex appeal. Peut-être qu'aujourd'hui l’Internet vient atténuer les choses et ouvrir les horizons, ce n'était pas le cas au temps de ma puberté en tout cas.

J’ai vu l’adolescente à la caisse avec sa mère qui payait sa trouvaille. Pour ma part, je n’ai rien trouvé qui m’allait particulièrement bien, à l’exception de ma pile de culottes en méga spécial. J’espère bien que la demoiselle s’est trouvée belle devant son miroir ce soir-là.

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