Aller au contenu
Être un enfant issu d’un milieu défavorisé : l’importance de la communauté
Crédit: Anna Kuhmar/Shutterstock

Des fois, le soir, j’écoute des affaires weird comme les reprises des débats de l’Assemblée nationale. Oui je sais, fou de même! Récemment, j’ai entendu un débat entre Sébastien Proulx, Ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, et Alexandre Cloutier député du PQ au Lac-St-Jean et porte-parole de l’opposition officielle en matière d'éducation, de recherche, de persévérance scolaire et d’alphabétisation. On parlait d’écoles dans certaines régions du Québec où des jeunes défavorisés ne recevront plus d’aide alimentaire le matin pour déjeuner. Je fulminais. Toujours des coupures au détriment des plus vulnérables! 

Des chiffres qui font mal
Quand j’ai vu ces chiffres relevés par Campaign 2000, j’ai le coeur qui s’est tordu. Nous vivons dans un des pays les plus riches au monde. Ce n’est pas normal que nous ne puissions pas nourrir, loger et protéger nos enfants.

  • 19 % ou 1,34 million d'enfants vivent dans la pauvreté au Canada en 2015 ;
  • 15,8 % d'enfants vivaient dans la pauvreté au Canada en 1989 ;
  • 1 million d'enfants canadiens souffrent d'insécurité alimentaire ;
  • 1 personne sur 7 dans les refuges pour sans-abri est un enfant.

Étant moi-même un enfant issu d'un milieu défavorisé, ces chiffres me font très mal, surtout que ça ne diminue pas. Savoir que des enfants ne mangent pas à leur faim, savoir que certains sont laissés à eux-mêmes trop souvent et savoir qu'ils partent avec moins dans la vie me rappelle d’où je viens et tout le chemin que j'ai parcouru.

De ces chiffres, je trouve important de parler de la (trop) grande proportion d’enfants des Premières Nations. Plus de 60 % des enfants vivant sur les réserves vivent dans la pauvreté selon le rapport 2016 du même organisme. C'est vraiment dégueulasse! 

L’audace est la monnaie des pauvres
Sans vouloir faire du capacitisme, mon message en est un de courage et surtout de résilience. Oui, il se peut que les difficultés que vous rencontrez dans la vie ne soient que temporaires, ne l'oubliez pas. La pauvreté de vos parents ne définit pas votre avenir. Vous n’êtes pas né.e.s pour un petit pain et le monde a besoin de vous.

Sachez que vous aurez probablement à travailler plus fort et à être plus audacieux.ses que certain.e.s de vos ami.e.s né.e.s dans des conditions plus favorables, mais vous aussi avez droit de vivre une vie où vous n’aurez pas à vous demander si vous avez assez pour vous nourrir (ou vos propres enfants). Vous pensez peut-être que la honte au quotidien et l’état de survie dans lequel vous vivez présentement sont une fatalité, mais ce n’est pas vrai. Ne laissez personne vous faire croire le contraire. Soyez culotté.e.s et osez demander plus. Osez vous créer une vie différente de celles de vos parents. Je suis la preuve vivante que c'est possible et je ne suis pas un cas isolé.

Aux parents qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts depuis trop longtemps : n’ayez pas honte de votre situation, misez sur votre communauté et la force du groupe. Soyez futé.e.s et ne laissez pas les difficultés entacher la capacité d’amour envers vos enfants, car c’est ce qui leur donnera des ailes pour prendre leur envol. Donnez-leur des outils et montrez-leur comment se débrouiller ; ce sont des choses qui vont les accompagner et les aider à dans leur parcours de vie.

Que faire pour que les choses changent?
Parce que ça prend un village pour élever un enfant, vous pouvez appuyer des projets de pédiatrie sociale, une approche qui a amplement fait ses preuves ici au Québec avec la vision du Dr. Julien.

Vous pouvez vous mobiliser pour faire entendre la voix des enfants des Premières Nations avec des prises de position politique et le respect de l’entente du Principe de Jordan – principe de l’enfant d’abord. Il s'agit d'une initiative qui a vu le jour après qu’un enfant autochtone de 5 ans soit mort au Manitoba pendant que le gouvernement fédéral et celui du Manitoba ne s’entendaient pas sur qui devait payer pour les soins spécialisés dont le petit avait besoin. Des soins qui lui auraient permis de vivre dans une famille d’accueil. 

Vous pouvez vous investir dans votre communauté ou dans votre voisinage, que ce soit en faisant des dons aux organismes locaux, en donnant du temps à des parents débordés qui essaient de joindre les deux bouts, en partageant un plat avec les voisins qui en ont besoin, en créant des jardins communautaires, des coopératives d’habitations ou des frigidaires communautaires.

 Aidez tout enfant dans le besoin, dès que vous en êtes témoins. Nous pouvons tous faire un petit quelque chose, et ces petits gestes qui s’accumulent font une différence. Aussi, si vous croyez faire face à une situation de négligence parentale, vous devez faire un signalement. Pour en savoir plus, consultez la brochure du direction de la protection de la jeunesse.

Évidemment, je sais que le problème n'est pas si simple et que pour se sortir de situations difficiles, ça prend aussi une certaine dose de privilèges, de chance. Cependant, j’y crois, j'ai espoir. Et je pense que c'est cet espoir qui peut mener à de grandes choses.  

Plus de contenu