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J’pas celle que les gars trouvent hot
Crédit: YuliiaHolovchenko/Shutterstock

Avec toutes ces histoires de consentement et de culture du viol (hum allô 1850, depuis quand t’es de retour), ce dont je m’apprête à vous parler va vous sembler futile, mais surtout vraiment contradictoire avec mon féminisme assumé. Mais c’est pas mal plus compliqué que ça.

Je pense qu’à ma naissance, ça faisait pas deux minutes que je vivais sur Terre que je me demandais déjà si je méritais vraiment d’être là, que je me comparais avec les autres bébés pour finalement me dire que, franchement, Daphnée, t’aurais pu te forcer sur c’que t’as d’l’air un peu. Je suis née avec des complexes.

Mais après être sortie d’une longue relation toxique qui s’est terminée en [moi qui ai de la peine et qui pleure en p’tite boule], pis en [mon ex qui rit, qui a ben du fun et qui peut être niaiseux à temps plein maintenant], mes complexes sont comme ressortis. Puissance 10, genre. Et ça a adonné que tout ça, ben, c’était pendant que je commençais le cégep.
Fac' moi, pour oublier celui-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom, ben j’me suis dit : « aweille fille, check les gars, t’as l’droit ». Je fus tout de même assez satisfaite. Mais ce qui est né de ça, c’est un sentiment malsain au boutte. Me voilà en cours de français, à me demander si le gars à côté de moi me trouve cute. Ou si quand je parle, y’a des gars qui se disent : « Ouain. A dit pas d’la marde, c’te fille-là ». Pis quand je passe dans les corridors, je me demande si je me fais regarder. J’tu cute, oui ou non?!

Mais avec le temps, quand je me suis mise à réaliser qu’aucun gars avait, du moins, essayé de me parler, quand j’ai vu que c’pas moi qu’ils trouvaient cute, mais la fille juste en avant, ben j’ai pris une claque dans face. Je me suis mise à réaliser que non, j’pognais pas. J’pas mon amie, qui a trois gars qui lui courent après. J’pas celle que les gars trouvent hot. J’pas celle qui a un chum. J’suis celle qui s’est fait laisser. Pis avec le temps, tu en viens à te demander si c’est peut-être pas pour ça qu’il t’a laissée. Si c’pas parce que t’es juste inintéressante. Pas assez cute. Pas assez sexy. Pas assez remarquable. Pas assez toute.

Et tout ça, parce que je suis seule, maintenant. Seule et inquiète. Inquiète que l’amour, l’amour qu’on peut avoir envers moi, ça n’existe pas. Ou sinon, que ce ne soit qu’éphémère.

Mais j’ai des amis qui s’occupent une fois de temps en temps de me sacrer une claque dans face quand je leur dis ça. Et ça me remet à ma place. Parce que dans l’fond, j’me fais peut-être pas remarquer. J’suis peut-être pas dans les belles filles de l’école. J’suis peut-être juste ben invisible. Mais who cares de ce que les gars pensent de moi.

J’ai une gang d’amis formidables, desquels je ne pourrai jamais me séparer, une famille soudée et aimante, des passions, des intérêts, et je suis bloggueuse pour TPL.

Rendue là, j’peux pas faire grand-chose d’autre.

Pis c’est ben correct de même.

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