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Le vernis « anti-viol » : quand la victime paie encore
Crédit: undercovercolors/Instagram
Ça faisait déjà un bout que les médias en parlaient, mais le produit a finalement été mis en marché sous l’acclamation de plusieurs. Ce sont quatre étudiantes américaines qui ont décidé de créer un vernis à ongles qui change de couleur au contact de drogues de type GHB, communément appelées « drogues du viol ». L’idée de lancer un tel produit venait de la crainte constante de subir une éventuelle agression sexuelle dans les soirées ou même sur le campus étudiant.

Cette innovation a beaucoup fait jaser depuis son annonce. J’avoue rester perplexe. J’y vois même un petit paradoxe. Pourquoi la femme a toujours peur de subir de la violence sexuelle? N’est-il pas là le réel questionnement? 5,5 millions de dollars ont été amassés pour la réalisation de ce projet d’envergure. Qu’advient-il de la soirée où la jeune femme oublie de se colorer les ongles et se fait violer? Sera-t-elle accusée d’avoir manqué de « vigilance »? Bien sûr que non, mais voyez-vous où je veux en venir? 

Pardonnez mon manque d’enthousiasme face à ce produit, mais ici, c’est encore une fois la femme qu'on responsabilise et pas les hommes. Quand l’éducation aux hommes sera-t-elle faite? Quand les condamnations seront-elles mieux respectées? Combien de victimes seront-elles encore pointées du doigt alors que lui, pauvre lui, s’en tirera avec quelques heures de travaux communautaires? Par des remarques et faits qui semblent anodins, on induit sans même s'en rendre compte que si les femmes se font agresser, c’est de leur faute, c'est par manque de précautions. Elle aurait dû se vêtir, elle n’aurait pas dû accepter de verre, elle aurait dû mettre son vernis.

J’ai deux filles et je ne cesserai pas de leur répéter de ne jamais embarquer avec un conducteur ivre, de respecter les consignes de sécurité, de ne pas prendre de substances illicites (bien que le pot sera bientôt légal), mais j’ose espérer ne jamais devoir leur dire de ne pas oublier de mettre leur vernis si elles ne veulent pas se faire violer.

Quand on parle de « culture du viol », c’est un peu de tout cela. Il y a malheureusement encore trop de gens qui la banalisent, jusqu’à ce que ça arrive à quelqu’un qui leur est cher.
 

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