Pas si facile de dénoncer la violence conjugale

Quand nous étions adolescentes, elle était plus qu’un membre de ma famille ; elle était ma meilleure amie. Nous nous sommes éloignées avec le temps, car nos champs d’intérêt respectifs commençaient sérieusement à se distinguer. Maintenant, je la vois une fois par année avec son chum, dans le temps des Fêtes.
 
Ils vont être là, ensemble. Je vais juste avoir le goût de les secouer, parce que je me suis toujours dit que jamais je ne laisserais quelqu’un me violenter. Tu me touches, tu prends le bord. Pourtant, je sais pertinemment que ça ne doit pas l'être tant que ça en réalité, sinon personne ne se ferait battre, n'est-ce pas? Ça doit être vraiment difficile, même : elle l’aime énormément. Elle l’aime tellement qu’elle accepte la violence comme si elle était conditionnelle à l’amour.

Pour moi, l’amour, c’est un chuchotement dans mon oreille et un frisson dans mon dos. Ce sont des doigts qui parcourent mes cuisses et un souffle dans mon cou. Ça me brise de la voir montrer à tout le monde qu’elle est amoureuse. Ça me brise de la voir liker des articles de maternité sur Facebook. Elle n’est plus l’adolescente épanouie et rieuse que j’ai connue. J'ai quand même la conviction que cette fille souriante, joyeuse et resplendissante se trouve quelque part, sous ce masque public qui sourit avec les yeux tristes.
 
Elle n’accepte pas l’aide qu’on lui offre. J’aimerais qu’elle voie le problème comme je le vois, mais je ne peux pas la forcer. Tout ce que je peux faire, c’est un article pour parler de la violence conjugale, en espérant que ça puisse aider une femme en détresse. La peur, la honte et la culpabilité peuvent être paralysantes, mais il faut dénoncer l’inacceptable. Rien ne justifie les comportements violents.
 
Si vous vous sentez concernée ou vous connaissez quelqu’un qui aurait besoin d’aide, allez jeter un coup d’œil ici et là. Plusieurs ressources sont disponibles, alors n’hésitez pas.

Avez-vous des pistes pour me permettre de l'aider?