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Vogue se la joue wild sans mannequins (mais avec plein de femmes blanches et minces pareil)
Crédit: gigihadid/Instagram

L’édition de novembre de Vogue UK est maintenant dans les bacs (ben là-bas, là). Pourquoi je vous en parle? Parce que leur équipe marketing essayait fort de la vendre comme une première révolutionnaire. En effet, on annonçait un numéro complet sans mannequins, sauf sur les pages consacrées à la pub. L'idée était prometteuse et la publication était fort attendue, il va sans dire.  


Crédit : Elvan Karaer
 
Le numéro en question s'intitule « the real issue – a model-free zone » (parce que nous savons tous que les mannequins ne sont pas de « réels » humains en chair et en os, mais bien des mutants X-Men, han mais ça, c'est une autre histoire). C’est sûr qu’avec une promesse comme ça, des attentes se sont construites. Les gens espéraient feuilleter un magazine qui montre de la diversité corporelle, culturelle, ethnique et même de genre (pourquoi pas?). BEN NON. Nous nous sommes énervé le poil des jambes trop vite.
 
Ç'a l’air que la « réalité » est constituée pas mal juste de femmes blanches et minces pour Vogue UK, puisque c’est en majorité ce qu’on retrouve sur les pages de leur nouvelle édition. Au début, j'ai voulu leur laisser le bénéfice du doute parce que t'sais, j’essaye de ne pas juger les gens. Comme le Brexit est passé cet été, je me disais que peut-être effectivement toutes les minorités visibles taille plus avaient pris la fuite et que c’était difficile d’en trouver. Mais non, même pas! Une source fiable en terre anglaise m’a juré qu’il reste du monde ni blanc, ni mince de l'autre côté de la Manche.
 
Incroyable! Mais alors, il semble justifié de se demander : de quessé, Vogue? Pourquoi tu nous prends pour des nonos? Emily Blunt figure sur la couverture parce qu’elle est supposément « the girl next door ». Elle est bien sûr blanche et mince, et je dois dire que je croise peu de gens qui lui ressemblent dans mon immeuble. Le reste du contenu n’est pas beaucoup plus inclusif. Bon, apparemment, en fouillant bien dans le magazine, il est possible de trouver quelques femmes de couleur, mais Vogue ne va pas jusqu’à les habiller en Chanel ou en Armani comme les madames blanches ballerines ou réalisatrices (à quelques exceptions près). Nenon! Elles portent un suit orange de construction. À part ça, on retrouverait aussi une personne en chaise roulante et une poignée de femmes qui portent plus qu’une taille 8. Je n’ai pas relevé de mention à un sujet transgenre.
 
Je m’imagine la chose ainsi. Une salle de réunion avec une longue table ovale, beaucoup de chaises et un tableau blanc pour dessiner pendant les pitchs, comme dans les films. La team Vogue UK est rassemblée. Armée de bonnes intentions certes, mais un peu craintive pour ses lecteurs. La soif de changement et de diversité au sein du public est perceptible, mais leurs disciples sont-ils vraiment prêts à voir ce qu’ils réclament dans le magazine? Ne faut-il pas les protéger encore un peu? Eurêka! La solution est simple : faire semblant de répondre à leurs besoins avec des sujets qui ne font pas partie du mannequinat sans s’éloigner d’un idéal rassurant blanc et svelte. 
 
Je ne pense pas que Vogue s’intéresse à mon humble opinion. Je vais me permettre de vous la donner pareil. À ma connaissance, personne n’a encore fait de crise d’épilepsie en voyant une photo de… Mindy Kaling, tiens. Avec 2,4 millions d’abonnés sur Instagram, je m’avancerais même à dire que plusieurs se plaisent à zieuter ses looks autant que ses niaiseries, moi y compris. Plus encore, peut-être que ses fans la trouvent… belle! Elle est pourtant d’origine indienne. Elle est petite et elle a des courbes. Il me semble que si les éditeurs de mode nous faisaient un peu plus confiance et prenaient un vrai risque au niveau de la représentation dans leur contenu, nous pourrions les surprendre par notre réponse.  

Mindy Kaling
Crédit : Giphy
 
Montrez-nous des femmes de toutes origines œuvrant dans toutes les sphères de la société, même les plus hautes. Montrez-nous des femmes dont les formes défient les lois de la couture pour nous prouver que vous y croyez, vous aussi. Si nous sommes capables de gérer la diversité dans notre quotidien et de la trouver belle et riche, je suis confiante que nous saurons nous habituer à la retrouver dans nos magazines. Du moins, que ça ne se terminera pas en convulsions, cette histoire-là.
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