Aller au contenu
Menstruations : les collabos partagent l’histoire de leurs premières fois
Crédit: Les folies passagères/Maude Bergeron

Samedi passé, je me suis réveillée beaucoup trop tôt à cause d’horribles crampes menstruelles. Pendant que j’essayais de relaxer pour oublier la douleur, je me suis mise à penser à mes premières menstruations. C’était il y a, pratiquement jour pour jour, 20 ans de cela.
 
J'avais 13 ans. Je pense que c'était quelque temps après ma rentrée en deuxième secondaire. J'étais au camping et je jouais avec ma petite cousine de 4 ans. Je suis allée aux toilettes et j'ai vu une tache dans le fond de ma culotte. Je ne voulais pas y croire, alors j'ai demandé à ma cousine d'aller chercher ma mère à la course. Elle m'a confirmé que j'avais mes premières règles et j'ai éclaté en sanglots. Je n'étais pas prête à devenir une femme. En sortant de la toilette, ma petite cousine m’a pris la main et m’a dit gentiment : « Tu vas voir, ça va bien aller ». Ça m'a pris plusieurs années avant de parler ouvertement de menstruations. J'ai vraiment eu à faire un deuil de l'enfance.
 
En me remémorant ce souvenir, j’ai eu une pensée pour la jeune fille qui allait devenir la femme que je suis. C’est une histoire banale certes, mais sincère. Je me suis dit que les premières fois des collaboratrices TPL devaient être toutes uniques et semblables à la fois; que ce soit une belle ou mauvaise surprise. Ça fait du bien à l’âme de se rappeler que ce moment-là est à la fois universel et particulier pour toutes les femmes.
 
L’incompréhension
Elvan : « J'avais 11 ans quand j'ai eu mes règles et je pensais que j'allais saigner toute ma vie, sans arrêt. Je comprenais zéro ce que ça représentait. »
 
Marianne : « J'ai eu mes règles après tout le monde (dans ma tête) vers 15 ans. Je dormais chez quelqu'un et j'étais full gênée parce que je pensais que j'avais fait caca dans son lit sans m'en rendre compte durant la nuit (c'était brun). »
 
Anonyme : « J'avais 12 ans, je venais de commencer le secondaire. J’avais un mal de ventre tenace qui durait depuis mon réveil. Puis, le soir, alors que j'étudiais tranquillement à mon petit bureau dans ma chambre, mes règles sont arrivées tout doucement. J'ai eu de la chance que ça n'ait pas été un flot abondant tout de suite, car je ne comprenais pas ce qui se passait. Ma mère, étant vraiment prude (si on peut dire ça comme ça), ne m'avait jamais parlé des règles ni de ce que ça signifiait. Quand je suis allée la trouver, inquiète, elle a ri et m'a rassurée, et m'a expliqué ce que c'était. Mais encore là, elle n'a pas su répondre à toutes mes questions et j'ai réalisé que j'avais tout un apprentissage à faire seule, sans pouvoir me référer à elle. »
 
Marie-Pier : « 11 ans, cinquième année du primaire. C'est arrivé le soir chez moi. Ma mère m'a dit que j'étais devenue une femme. Elle a même appelé ma grand-mère pour lui dire (quelle grande nouvelle)! Ce fut vraiment la pire année scolaire de ma vie après : avec mes seins qui ont fait leur sortie, je ne me suis jamais fait autant niaiser. Porter des soutiens-gorge, ce n'était pas cool et ça paraissait sous mes chandails. Bordel qu'on m'a insultée avec ça. Ma mère ne voulait pas que je porte de brassières de sport, alors je les cachais dans mon sac et je me changeais à l'école. Ç’a aussi été l'année scolaire où je me suis fait agresser par un garçon de mon école (un plus vieux). J'ai longtemps associé mes règles à ça : si je n'étais pas devenue une femme, avec des seins et tout, ça ne me serait jamais arrivé. Ça m'a pris des années pour dissocier les deux. Je n'en garde aucun bon souvenir.
 


Crédit : sarahandersencomics/Instagram

 
Le cours des jours
Mireille : « J'avais 11 ans, je commençais ma sixième année. Je savais déjà que c'était mes menstruations en voyant la tache et j'étais super gênée de ça. Ma mère m'a acheté des serviettes hygiéniques et tout a été “ben normal”. Je me rappelle aussi l'avoir dit à ma meilleure amie le lendemain comme si c'était la chose la plus tabou et gênante, et je ne voulais absolument pas qu'elle le dise. »
 
Jessica : « J'avais 11 ans également, c'était au début de ma sixième année. Un après-midi, je suis revenue de l'école et je suis allée aux toilettes comme à mon habitude. J'ai vu qu'il y avait une tache de sang dans mes culottes. Je savais ce que ça représentait parce que ma cousine les avait eues étant vraiment jeune et que ma mère m'y préparait. Trente secondes après, je reçois un appel de mon père, je lui annonce donc, et il me dit : “Wow, tu es devenue une femme (dans le sens de devenir une « adulte », t'sais)!”. J'ai été super étonnée de son ouverture, il n’avait aucunement l'air malaisé. Par contre, ma mère a commencé à être surprotectrice et à contrôler ma sexualité. Moins cool. »
 
Claudine : « J'avais 10 ans. J'étais en voyage avec l'école à Val-d'Or… J'étais trop gênée de le dire aux profs! »
 
L’anticipation
Maude : « À partir de mes 10 ans, j'avais vraiment hâte d'être menstruée (je ne sais pas pourquoi, j'étais une enfant spéciale, lol). Parfois, je prenais du rouge à lèvres couleur sang et je dessinais sur un protège-dessous de ma maman que je mettais au fond de mes bobettes. Un beau jeu, t’sais. Finalement, vers 12 ans, le sang a coulé pour vrai et j'ai connu les SPM les plus forts et désagréables de la planète en pleurant et en me demandant pourquoi j'avais si hâte de vivre ce déluge douloureux ensanglanté. Ah, pis j'étais menstruée aux 21 jours. #LolPasLol »
 
Emilie : « Moi aussi, j'avais vraiment hâte et j'ai regretté après. Mes amis avaient leurs règles déjà bien avant moi et ça me complexait beaucoup. Je pense que j'étais en secondaire un ou deux quand c'est enfin arrivé! Ça faisait des mois que, chaque fois que j'avais des pertes plus abondantes, je courais dans la salle de bain en espérant très fort que ce soit ça et j'étais toujours déçue! »
 
Marie Alexe : « J'avais 12 ans, c'était durant ma première semaine au secondaire. J'avais tellement hâte d'avoir mes menstruations pour la première fois. Plusieurs amies les avaient déjà et je me sentais inférieure. Quand je suis allée à la toilette et que j'ai vu le rouge dans ma culotte, je me suis exclamée de joie, mais ça n'a pas duré longtemps. Cinq minutes plus tard, je me roulais en boule de douleur. J'ai eu mal à ne pas en dormir durant une semaine. J'étais bien moins contente d'être devenue femme. »
 
Gabrielle : « Je venais d'avoir 15 ans et ça me complexait tellement de pas encore être menstruée alors que toutes mes amies l'étaient depuis quelques années. Un jour de mai, lors de mon pipi matinal, mes règles ont fait leur apparition out of the blue. Je l'ai dit à ma mère tout de suite après et elle était bien excitée. Elle a donc appelé à l’école pour dire que j'étais malade et elle m'a invitée à faire une journée de filles. Nous sommes allées au centre Rockland acheter des bobettes et manger des Whoppers au Burger King avant de louer des films girly. Very cute. »
 
Myriam : « J'attendais mes menstruations avec impatience! J'étais vraiment mal à l'aise dans mon petit corps d'enfant : 85 livres pour 5 pieds 2. C’était pour moi le signe que j'allais enfin avoir l'air d'une femme; que mes seins, mes fesses et mon bassin prendraient de l'expansion! Finalement, c'est arrivé deux mois avant mes quatorze ans, juste après la rentrée en secondaire deux. Je revenais chez moi de mon premier “party de sous-sol”, j'étais saoule d'avoir trop bu de Tornade… lolol. À cause de l'alcool, je n'avais rien senti, et en me déshabillant, j'ai vu que mes pantalons étaient imbibés de sang. J'ai appelé ma mère en pleine nuit pour lui annoncer la bonne nouvelle. Elle n'était pas aussi enthousiaste que moi et ça m'a fait pleurer. Le lendemain matin, je me suis réveillée à cause d’atroces douleurs et je me suis vraiment dit "qu'il fallait souffrir pour être belle". Mon papa est allé chercher des tampons et m’a apporté des bouillottes parce que j'étais incapable de sortir de mon lit. 10 ans et un diagnostic d'endométriose plus tard, mon corps est resté le même petit corps, et je comprends pourquoi ma mère n'était pas excitée à l'idée que je souffre chaque mois pour les 40 prochaines années! »
 

 
Crédit : sarahandersencomics/Instagram

La gêne
Anonyme : « C'était une fin de semaine en hiver et j'étais en sixième année. J'étais au dépanneur et je suis allée aux toilettes. J’ai vu une tache rouge dans mes culottes, mais j’ai décidé d’ignorer ça. J'étais tellement gênée de le dire à ma mère, car je trouvais ça jeune pour être menstruée! À l’école, je craignais que les gens entendent le “crshhhhh” de ma serviette hygiénique ou qu’elle paraisse dans mes pantalons. J'avais des règles abondantes et je devais mettre des serviettes de nuit même le jour. Je pense que je marchais croche aussi, n'étant pas habituée d'avoir une semi-couche dans mes pantalons! »
 
Marie-Eve : « J'avais 9 ans (l'été avant d'entrer en cinquième année) et je trouvais ça très jeune. Quand c'est arrivé, mes parents venaient tout juste de se séparer. Je ne sais pas si le changement de routine a déclenché mes menstruations ou si c'était dans l'ordre des choses pour mon corps… Je me souviens que c'est arrivé le soir et que j'étais chez ma mère. Elle m'a tout expliqué patiemment et calmement. Le lendemain, j'avais une copie du livre Bouillon pour l'âme des ados sur mon lit. Elle m'a dit que j'étais une préado maintenant et que ce livre allait peut-être me guider. En vérité, il m'a aidée à traverser des épreuves pendant mon adolescence. Je plonge encore dedans de temps en temps. Probablement un des plus beaux cadeaux que j'ai reçus. »
 
Catherine : « J'avais 12 ans, à la fin de ma sixième année. J'étais chez moi et je suis allée aux toilettes. En voyant le sang, je me souviens d'avoir compris tout de suite ce qui se passait, je n'étais pas triste, contente ou nerveuse. On dirait que je n'avais pas d'attentes envers les menstruations. Ma mère n'était pas là et j'étais avec mon père. J'ai appelé ma mère pour lui annoncer et qu'elle puisse le dire à mon père (haha! Vive le téléphone arabe)! J'étais gênée de le dire à mon père. Finalement, il est parti à la pharmacie et il est revenu avec l’étalage complet de serviettes hygiéniques. Des supers, des minis, avec parfum, sans parfum, etc. J'ai tellement trouvé ça cute. »

Quelle est votre histoire douce-amère?
 

Plus de contenu