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Non, je n’ai pas un GROS pénis

Auteur: Julien Benca
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Non, je n’ai pas un GROS pénis
Crédit: PrinceOfLove/Shutterstock
Je m’attends déjà à voir plusieurs mononcles passer des commentaires (sans n’avoir rien lu d’autre que le titre, évidemment) du genre : « En tout cas, ce n’est pas mon cas. Moi, je suis un homme, un vrai. Les “petites” aiment bien ça (yes sir, héhé, ça va faire rire les boys à la job!) ». Rire gras, petite tape sur la cuisse pour se féliciter et une occasion de perdue de réfléchir sur les stéréotypes de société.
 
Pour les autres, j’ai été inspiré par les textes d’une de mes collègues sur l’importance de briser les stéréotypes entourant le corps féminin et de questionner la pression sociale, qui demande à ce que notre génétique corresponde par miracle à une certaine image idéalisée, parfois même surréelle. Si cette pression sociale est flagrante chez les femmes, elle existe aussi dans une moindre mesure chez les hommes et est, selon moi, encore plus tabou.
 
La grosseur de l’appareil reproducteur masculin est souvent un sujet délicat. Considéré comme un indice irréfutable de masculinité par plusieurs, les verges énormes sont notamment la norme dans l’industrie pour adulte mais, surtout, la taille du pénis est un sujet de moquerie récurrent chez beaucoup d’hommes, qui ne manquent pas une occasion de souligner la petitesse de l’engin d’autrui ou encore les proportions gargantuesques de leur propre appareil afin de se « valoriser ». Eh oui, même chez des hommes adultes, même chez des personnes éduquées, même chez des amis proches.
 
Pourquoi est-ce qu’en 2016, la taille du sexe (qui est un attribut génétique sur lequel on n’a aucun contrôle) est-elle toujours considérée comme l’indice principal de masculinité? Lorsqu’on sait, grâce à la science, qu’un homme avec une verge énorme peut être complètement stérile, mais qu’un autre avec un tout petit machin peut avoir, au contraire, des spermatozoïdes qui pourraient faire les Jeux olympiques, que la taille n'a rien à voir avec la pilosité, la virilité ou encore la personnalité ou le caractère « masculin » d'une personne, ça me semble un peu réducteur.
 
De plus, la peur de ne pas être en mesure de satisfaire sexuellement sa partenaire (qui est probablement la cause la plus fréquente d’inquiétude reliée à la taille du sexe) est généralement non fondée. La taille du phallus ne change pas grand-chose à la stimulation du clitoris, et nous savons aujourd’hui que le « point G » est situé en moyenne entre 3 et 5 cm de l’entrée de la vulve, il est donc généralement possible de le stimuler même pour les hommes au sexe de très, très petite taille. Évidemment, chaque femme a ses préférences sexuelles (c’est parfait comme ça et ça tombe bien, il y en a de toutes les grandeurs et de toutes les grosseurs), mais d’un point de vue physique, à moins d’un handicap génétique reconnu par un médecin, aucun homme ne devrait avoir de souci de « performance » en lien avec la grosseur de son sexe, s’il ne pense pas qu’à lui et s’il est à l’écoute des besoins et désirs de sa partenaire. Puis, n'oublions pas que le pénis est loin d'être la seule option possible lorsque vient le temps de vouloir procurer du plaisir à sa partenaire!
 
Donc, non, je n’ai pas un GROS pénis. J’ai même un sexe de taille plutôt modeste, mais ça va, je vis plutôt bien avec. Ça n’a pas toujours été le cas : adolescent, j’étais celui qui se changeait très vite à la piscine, celui qui se demandait s’il était dans la moyenne, celui qui était extrêmement gêné d’aborder les filles, qui était hyper nerveux et qui a dû prendre son courage à deux mains lors de ses premiers contacts intimes parce que, justement, son attirail n’était peut-être pas à la hauteur selon les standards sociaux.
 
Dans une société où, pour les hommes (rarement j’ai entendu des femmes nous mettre une grosse pression à ce sujet), avoir un gros sexe est bien vu, sinon obligatoire, j’ai envie de dire qu’il y a une diversité corporelle, que la taille de votre sexe ne définit ni qui vous êtes, ni votre masculinité, ni votre capacité à avoir une belle complicité intime avec une personne. Il est temps d’évoluer un peu et de se respecter les uns les autres.
 
Que ce soit chez l’homme ou chez la femme, il existe une multitude de corps et une multitude de sexes, et c’est correct. Personne n’oblige quiconque à coucher avec quelqu’un dont les caractéristiques physiques ne lui plaisent pas… alors pourquoi on n’arrêterait pas le body shaming?
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