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Quand la mode révèle la condition féminine de chaque époque – Partie 2
Crédit: Yohji Yamamoto/Flickr, Montage d'Alexandra Mayor

Dans mon précédent article, je vous ai parlé de deux pièces de vêtement de la garde-robe féminine : le corset et la guêpière. Ces deux éléments mettaient énormément le corps des femmes en valeur, et les vêtements qui les couvraient contribuaient à créer des looks très féminins. Par contre, au 19e siècle (le corset) et dans les années 50 (la guêpière), les femmes n'avaient que peu ou pas de reconnaissance sociale. Leur statut s'apparentait à celui d'un enfant mineur.

Qu'en est-il de la mode à des moments de l'Histoire où la femme revendiquait davantage de droits et de reconnaissance sociale? 

Commençons par les années 70. Le Flower Power, le Free the Boobs, et surtout mille révolutions sociales et désirs de changement. La mode féminine y était très fluide, suivant les courbes naturelles des corps plutôt que de les comprimer d’un côté pour les remonter de l'autre. C’était l’heure des grandes jupes, de la légèreté, et aussi les premiers looks avec des pantalons. Les silhouettes y étaient beaucoup moins moulées. La femme avait aussi beaucoup plus de liberté d’expression, autant dans ses vêtements que dans ses choix de vie.
 


Crédit : Flickr / montage d'Alexandra Mayor

Avançons aux années 90-2000. Du côté de la mode, il y avait des révolutions anti-fashion qui s’opéraient, surtout du côté des Japonais avec des marques telles que Comme des Garçons, Issey Miyake et Yohji Yamamoto. Ces trois designers présentaient des vêtements très fluides, amples, empruntant au vestiaire masculin et ignorant les grandes tendances. Au même moment, des mouvements féministes, des revendications pour une place plus grande pour les femmes prenaient de l’ampleur. Appelée la « troisième vague du féminisme », celle-ci traite beaucoup de la réappropriation du corps de la femme par cette dernière.

Des créations de Yohji Yamamoto
Crédit : Flickr
 

Bref, mon petit cours d’Histoire de la mode est là pour illustrer qu’aux époques où la femme était soumise à des diktats de la mode hyper féminins et restrictifs correspondaient aussi des moments dans la société où elle possédait peu de droits ou de reconnaissance quant à son individualité à part entière. Il est faux d’assumer que le féminisme a tué la féminité, malgré un accroissement des tendances aux coupes fluides et confortables. Concrètement, ce que le féminisme essaie de changer, ce n’est pas la notion de féminité à travers un vêtement, mais plutôt la perception de ce qu’est la féminité pour chaque femme. De plus, c’est un mouvement comme le féminisme, entre autres, qui permet tranquillement d’arrêter de classer les genres dans des moules sociaux, vestimentaires et comportementaux.

La mode est un terreau extrêmement fertile pour tout ce qui est revendication sociale. Observer les vêtements et les tendances est un bon moyen de comprendre ce qui se passe au niveau social. Et si nous voyons un regain d'intérêt pour les coupes fluides et amples, c'est principalement parce que la femme s'approprie davantage sa féminité et son mode de vie plus actif. Pendant de nombreux siècles, la femme était le symbole de la richesse et du pouvoir de son homme. À travers les habits de sa femme, l'homme illustrait sa fortune et son statut social. C'est pourquoi, à mon humble avis, la féminité des silhouettes des années 50, entre autres, n'est pas à envier ou à commémorer avec nostalgie, tout simplement pour ce qu'elle représentait : une belle femme au foyer, démontrant la réussite de son mari et non la sienne. 

Enfin, n’oublions pas que la féminité est propre à chacune d’entre nous. Certains matins, j’ai le goût de mettre une belle robe et d’autres, des pantalons jogger avec un t-shirt casual. Ma féminité ne s’exprime pas à travers mes vêtements, mais plutôt à travers mon attitude et ma vision de la vie. 

Crédit : Giphy

Que pensez-vous de cette tendance vestimentaire qui va vers le confort? 

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