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Pourquoi je n’assisterai pas à mes retrouvailles du secondaire
Crédit: Jessica Massy

En juin, ça fera 10 ans que j’ai obtenu mon diplôme d’études secondaires. Déjà. Mine de rien, ça passe vite 10 ans.  J’avais 17 ans à l’époque (LOL) et j’en aurai bientôt 27. Entre temps, je suis passée par le Cégep, l’université et encore une fois le Cégep, pour finalement atterrir sur le marché du travail. Mes années d’adolescence sont rangées quelque part dans un coin de ma tête, dans un de mes petits tiroirs de souvenirs. Et comme elles ne sont pas très reluisantes, le tiroir grince quand j’essaie de l’ouvrir. Ça fait qu’il reste fermé la plupart du temps.

Récemment, j’ai reçu une invitation sur Facebook – vous me voyez venir, je sais – pour mon conventum de 10 ans du secondaire. Au début, j’étais un peu perplexe. Il faut dire que je ne connais la fille qui m’a invitée dans le groupe de l’évènement que de nom. Je ne pense pas que nous ayons eu des cours ensemble, ni même que nous nous soyons déjà parlé. J’avais commencé à fureter sur la page sans idée précise quand le tiroir s’est ouvert d’un coup dans ma tête : SCROUISHHHH! Je vous l’avais dit qu’il grinçait. C’est assez désagréable.

Les souvenirs qui en sortent sont encore plus poches que le bruit. L’intimidation, l’isolation. Je n’ai pas encore décidé ce qui était pire. Être ignorée ou se faire écœurer par n’importe qui? Se faire refuser comme coéquipière par toutes les équipes, les unes après les autres, ou dîner dehors à -20°C pour ne pas se faire cracher de bouffe dans la face à la cafétéria? Même si vers la fin du secondaire, ma situation s’était améliorée, vous me comprendrez si je vous dis que ces années sont loin d’être les plus belles de ma vie.

Et si j’y allais? Pour leur montrer que le petit rat de bibliothèque chubby  et un peu weird est maintenant une jeune femme presque confiante qui arbore fièrement ses tatouages? Que la bolée peu digne d’intérêt a étudié la littérature aussi bien que la science? Que la fille « pas chicks, mais qui a un beau visage, par contre » est épanouie et assez jolie, même? Dans votre face, #LesGens!
 

2006-2016 - Ton petit look
2006 VS 2016
Crédit : Jessica Massy

 

L’ennui, c’est que le doute s’est empressé de se mêler à cette triomphante réflexion. Sur les réseaux sociaux, j’ai vu passer au fil des années des nouvelles de certains de mes camarades de classe : mariage, voyages fabuleux, enfants, carrière éblouissante… Ouain. Voilà qui a remis en perspective ma petite vie avec mes études tortueuses, mon trouble anxieux et ma relation amoureuse à distance. Pas si hot que ça, finalement.

Pendant des semaines, j’ai oscillé entre ces pensées. J’y vais. Je n’y vais pas. J’y vais. Je n’y vais pas. La réponse s’est imposée d’elle-même quand j’ai décidé d’écrire ce billet : je n’irai pas.

Ce que peuvent dire ou penser les autres m’a assez pollué l’existence au secondaire. Est-ce que j’ai envie de revoir ces gens? Pas spécialement. Est-ce que j’ai envie que ces gens me voient? Pas vraiment. Parce qu’au fond, et ça m’a pris 10 ans pour le comprendre, ce qui devrait être important à mes yeux, c’est la façon dont JE ME PERÇOIS.

Se choisir, c’est rarement facile. Petite Jess de 17 ans avec ses cheveux rouges et son akwardness avait du mal à le faire.

Se choisir, c’est opter pour ce qui nous rend heureux et faire fi de l’opinion des autres.

Pour moi, c’est reléguer derrière les années du secondaire et passer la fin de semaine de mon conventum à célébrer les 5 ans de mon neveu et ma filleule avec des gens que j’aime et qui m’aiment.

Comprenez-moi bien : je crois sincèrement qu’il existe autant de bonnes raisons d’y assister ou pas, peu importe ce que vous avez vécu durant vos années de secondaire. Suffit de choisir ce qui vous convient et d’être fière de votre décision et de votre vous-même!

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