Aller au contenu
LLY Atelier : l’objet de mode (aussi) comme objet de design
Crédit: Laurence Hamelin

Les bijoux de qualité, ce n’est pas donné. Tout le monde sait ça. On peut choisir d’économiser pour s’acheter le morceau de ses rêves, ou tout simplement admirer la qualité exceptionnelle des produits faits ici ou ailleurs. Personnellement, comme je ne porte pas beaucoup de bijoux, je stalke les marques qui m’inspirent sur Instagram. #ArtPorn

Justement, parmi celles qui m’inspirent au quotidien, il y a la ligne LLY Atelier d’Agathe Bodineau, une joaillière montréalaise autodidacte. Formée en arts visuels, son parcours transparaît dans ses procédés et dans la présentation de ses créations, qui vont de 48 $ à 320 $.

La collection A Contrario de LLY Atelier.
Crédit : Laurence Hamelin

J'ai trouvé sa plus récente collection A Contrario particulièrement exceptionnelle. D’emblée, on sent l’influence de la géologie sur l’ensemble des pièces. « Mes trois dernières collections ont été inspirées par les formes minérales. Ce qui m’intéresse en particulier là-dedans, c’est le côté brut des matériaux, au contraire de l’aspect brillant et lustré de la joaillerie traditionnelle », m’a expliqué Agathe lors de ma visite à son studio.

De l'inspiration brute sur le bord d'une fenêtre.
Crédit : Laurence Hamelin
 

Effectivement, ses pièces se démarquent par leur esthétique minimaliste et géométrique, et il semble qu’Agathe y ait, en quelque sorte, trouvé sa signature distincte. « La ligne a beaucoup évolué, ces dernières années, et elle commence à prendre la forme que j’avais dans ma tête. Je veux continuer en ce sens et en respectant ma vision. »

Cette vision, on la sent particulièrement quand on jette un coup d’œil à son lookbook, un véritable cahier d’art que je laisserais volontiers traîner parmi mes coffee table books. « En repoussant les limites de ma discipline, ça me permet de ne pas perdre l’intérêt dans ce que je fais; c’est pour ça que j’ai porté une si grande attention à la composition de mes images. »

Courez admirer le lookbook de la collection.
Crédit : Yan Bleney et Agathe Bodineau

Et elle ajoute : « Le design pour le design ne m’intéresse pas vraiment; j’avais justement envie de créer des pièces qui peuvent être intéressantes toutes seules, comme objets, et avoir une vie à part entière. » Ça pose une question qui me préoccupe beaucoup quant à la polyvalence des créations en mode ou en design – qui ne sont pas toujours accessibles au plus grand nombre : est-ce qu’en mode, comme en art, on ne pourrait pas se satisfaire d’œuvres en sachant simplement qu’elles existent, sans ressentir nécessairement le besoin de les posséder?

Tant qu’à multiplier les fonctions d’un objet de mode, je lui ai demandé quel morceau, selon elle, apportait le ratio cost per wear le plus intéressant dans sa dernière collection. « J’irais vraiment vers le collier choker ouvert en argent. Il se porte de trois façons différentes! » Je ne peux qu’acquiescer; la pièce minimaliste peut facilement être dressed up ou down.

Agathe, dans son studio, qui porte justement le choker ouvert. J'le veux, huhu.
Crédit : Laurence Hamelin

Pendant qu’elle enfile le choker pour me montrer les façons de le porter, je ne peux m’empêcher de la questionner sur ses doigts, qui sont entièrement tatoués de la jointure du milieu jusqu’autour de l’ongle. « C’est un peu comme la manifestation physique du deuil de mes doigts propres, raconte-elle à moitié sérieuse. Je suis toujours sale en sortant de l’atelier, de toute façon. Je n’y peux rien! »

Justement, à quoi ressemble une journée au LLY Atelier? « Rien de bien glamour. Je suis une grande couche-tard, alors je me lève plutôt tard, je m’occupe des aspects plus administratifs de ma compagnie (courriels, facturations) avant de passer en mode conception et création, et je fais un dernier blitz d’administration et de promotion tard en journée. »

Le set up du coulage d'une bague.
Crédit : Laurence Hamelin

La grisaille de fin novembre étant propice aux bilans, j’ai demandé à Agathe quelles étaient les réalisations dont elle était le plus heureuse cette année. « Je suis vraiment très fière des nouveaux points de vente où l’on peut se procurer mes créations : la Maison Simons et la boutique Denis Gagnon, notamment. Et je suis fière d’avoir élargi mon marché à l’international, en Angleterre et aux États-Unis. » Pour couronner le tout, ses pièces ont été mises en valeur dans l’édition de novembre du Vogue Ukraine. « Disons qu’il y a des manières pires que ça de finir l’année! »

 

En terminant, avec le temps des Fêtes qui arrive, j’ai demandé à Agathe de se prêter au jeu de la tague (oui, oui, comme quand on était p’tits!) et de « taguer » un créateur ou une créatrice d’ici : Agathe a choisi la marque Varnbota de Frédérique Sarrazin, qui sera mise en vedette dans un prochain article.

Ne manquez pas les créations d’Agathe (et celles de Frédérique) au souk @ sat, à la Société des arts technologiques, jusqu'à demain! Sinon, Agathe sera de la partie lors de la vente de Noël à la boutique Mylène B les 19 et 20 décembre.

 

Que pensez-vous des créations de LLY Atelier? Consommez-vous parfois des objets de mode (aussi) comme des objets de design?

Plus de contenu