Samedi matin. Mon cadran sonne pour la troisième fois aux heures respectives de 6 h 46, 6 h 51 et 6 h 59. Parce qu’un snooze de 9 minutes, c’est bien trop long.
Les yeux rougis de fatigue, les cheveux en bataille et les sinus congestionnés, je m’attelle à ce qui s’avère mon sprint quotidien. Je cours de reculons. Je m’essouffle à m’emparer de ce satané lapin blanc, les pieds enchaînés à mon intraveineuse à café.
Si seulement j’arrivais à mettre la main sur ma montre gousset, je nous donnerais à tous un bon 5 h de sommeil supplémentaire. Minimum.
Parce qu’il est là, le problème. Dormir, c’est devenu le luxe du 21e siècle. Je vois déjà les sceptiques lever les yeux au ciel et les représentants Redbull battre leurs ailes de contentement.
Pourtant, rares sont les fois où notre société célèbre l’ennui et le fait de prendre son temps. On nous brandit plutôt des « Comment perdre 10 kilos en une semaine » et du café instantané.
J’envie les Slow Cities.
J’aimerais ça instaurer le farniente.
On pourrait hiberner à notre façon, aussi. Notre lit en guise de caverne, on s’endormirait après avoir engouffré le petit-déjeuner le plus gourmand qui soit. On laisserait les flocons entrer par un petit bout de fenêtre, où le banc de neige étoufferait la sonnerie du cadran-téléphone (dans mon cas, un chien qui aboie).
On calculerait le temps comme passent les saisons.
On ferait snooze plus souvent.