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Le VRAI Ed Hardy sort de l’ombre et parle de la douchification de son oeuvre

En 2003, j'avais 13 ans, j'étais en secondaire 2 et les jeans Parasuco connaissaient leur apogée en terme de popularité. Les ceintures à oeillets de métal faisaient fureur chez Garage, on s'aplatissait les cheveux au fer à repasser et je portais des mules Phat Farm. En regardant ça avec mes yeux d'aujourd'hui, je me dis que j'étais vraiment douchebag, même si le terme n'existait pas encore pour désigner ça :

(D'ailleurs, peut-on arrêter d'utiliser ce terme à tour de [gros] bras? Quand les gens qui en sont visés commencent à l'utiliser pour définir d'autres gens PIRES qu'eux, c'est signe qu'il faut trouver autre chose. Brainstormons.)

Si je demandais à des gens pris au hasard de me dire LA marque de vêtements qu'ils associent à ce type de personne, je mets un deux piasses qu'on me répondra automatiquement Ed Hardy. Ou WLKN, mais ça c'est un autre dossier.

Pourtant, j'ai récemment lu un article qui m'a fait ravaler mes préjugés : le vrai Ed Hardy sort de l'ombre!

Donald Edward Talbott Hardy de son petit nom, est un pionnier de l'art du tatouage aux États-Unis : un artiste qui a étudié au San Francisco Art Institute avant de partir travailler à Vancouver, Seattle et San Diego, puis au Japon, où il a découvert l'esthétique qu'on lui connaît. C'est seulement au début des années 2000 que ça dérape, quand Christian Audigier – l'homme derrière le succès PLUS qu'éphémère de Von Dutch – lui achète la licence de ses dessins (d'ailleurs, ce dernier a par après commencé à mettre son propre nom sur les produits Ed Hardy). Quelques mois plus tard, les staaars en portent et tous les jeunes de la Rive-Sud s'achètent un t-shirt chez Freedom. Encore quelques années plus tard, c'est la débandade : on en voit sur les briquets et même sur les bouteilles de vin. Misère.

Tout ça m'amène à me questionner sur une chose : la récupération de la mode par des compagnies qui en font des déclinaisons cheap et de mauvais goût.

Objectivement, les dessins d'Ed Hardy ne sont pas laids. Ils font partie de l'univers du tatouage, et maintenant ils sont associés au style du cast de Jersey Shore. Est-ce que c'est pire que Urban Outfitters qui vend des cropped tees avec des dessins de Keith Haring dessus? C'est juste une esthétique différente, au fond, non? Ça et le fait qu'on ne nous a pas bombardé pendant 10 ans de produits dérivés version Haring… et c'est encore drôle.

Tout ça pour dire que le VRAI Ed Hardy, il a 68 ans et il a l'air du grand-père le plus cool en ville. Rien à voir avec ce qui est associé à la marque. D'ailleurs, il a récupéré les licences de ses dessins après des poursuites contre Audigier en 2010.

C'est luiiiii! Il me fait penser au petit monsieur du lookbook F-W 2013 de Larose Paris.

Il ne peut pas faire grand chose pour la réputation de la marque, mais il prend ça avec un grain de sel : « They're just tats. There are more serious things in life. »

Aw, Ed.

 

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